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Critique de michfred


Histoire vraie.

Fernand Iveton , avec un I, il y tient, pied-noir d'Algérie, ouvrier et sympathisant communiste,  épouse tout naturellement la cause des algériens et du FLN  dans la guerre d'independance qui ne porte pas d'autre nom, en 1957, que celui des " événements d'Algerie". Fernand croit au droit  des peuples à disposer d'eux-mêmes.   Il croit que l'indépendance,  mettant fin aux conséquences toxiques de la colonisation, fera disparaître l'exploitation, l'assujettissement,  le mépris, le racisme. Et qu'elle permettra aux peuples d'Algérie,  arabes, juifs, français, espagnols, italiens, de retrouver égalité et fraternité. 

Il accepte d'agir avec eux. de poser des bombes. Mais c'est un humaniste : sa bombe ne doit pas tuer, elle ne doit faire que des dégâts matériels dans un entrepôt désaffecté.

Elle n'éclatera même pas et Fernand se fait prendre:  son attentat a quelque chose d'aussi naïf et improvisé que la bombe qu'il a posée.

Mais d'autres bombes ont éclaté,  ailleurs,  et elles ont tué. La situation se tend. Les circonstances vont transformer cet attentat raté en trahison majeure, et le pauvre Fernand aux idéaux nobles et humanistes en dangereux terroriste.

On le torture.  Il n'est pas Jean Moulin : il parle, il "donne" des noms. le parti , attentiste, ne le soutient que comme la corde soutient le pendu. D'ailleurs c'est la peine de mort qu'il encourt...

Il est mal defendu: un avocat novice,  commis d'office, un avocat  chrétien qui lui cherche des circonstances atténuantes au lieu de se situer sur le plan des principes. La défense s'adjoint un 3eme avocat, plus chevronné,  mais c'est trop tard,  tout est trop rapide pour émouvoir l'opinion publique en  métropole. le préfet Gorse, hostile à la peine capitale,   n'est pas écouté et Mitterrand, à la Justice, refuse d'appuyer le recours en grâce.  Coty botte en touche, assez lâchement. Fernand sera exécuté derechef. On ne lui laissera même pas le temps, en quittant sa cellule, de passer un pantalon.

Le livre avec sobriété, force -et quelle puissance!- , tisse le récit factuel de cet assassinat légal et programmé.

Il entremêle au récit de l'arrestation, de l'interrogatoire barbare et du jugement expéditif,  des pages de vie, d'amour, d'amitié,  de joie. Des pages de la vie d''avant. La  rencontre amoureuse avec sa femme, Hélène, entière et forte comme son époux. Digne compagne de son homme.

Joseph Andras  fait vivre et mourir un Juste, un homme du peuple,  un honnête homme.

Et nous le rend si proche, si fraternel, si innocent ...
Le couperet qui tue Iveton tombe avec une impitoyable cruauté, une injustice révoltante. 

Sa condamnation reste à jamais un scandale, elle éveille un effroi qui résonne longuement après la fermeture de ce beau livre, tout vibrant d'admiration et grondant de colère.

Un intense moment d'émotion.


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