AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de blanchenoir


"J'avais fermé les yeux pour revivre l'histoire. L'histoire de sa vie. Cette route sinueuse, tiraillée entre la pudeur et l'impudeur, entre un quotidien feutré et l'expression éhontée de cette littérature qui fut pourtant le reflet fidèle de son existence.
Avoir été à ce point capable de faire de son vécu la matière même de son écriture et, dans une moindre mesure, de ses photographies. Il n'y avait que Montaigne et lui pour ça. Il avait voulu illustrer, à sa façon, ce que le philosophe moraliste revendiquait déjà dans l'introduction de ses Essais : "Être lui-même la matière de ses livres"."

Ma Rencontre avec Hervé Guibert vient d'avoir lieu...

Je remercie vivement Babelio et les éditions Séguier qui, dans le cadre de masse critique, m'ont permis de lire ce bel hommage de Frédéric Andrau consacré à l'écrivain- photographe suicidé et atteint du SIDA.
Hervé Guibert ? J'avais aperçu le nom dans une liste de Moravia dédiée aux écrivains qui s'étaient suicidés. Merci Moravia de m'avoir incitée à découvrir Guibert...
Dès les premières pages du livre, le lecteur est embarqué : l'écrivain est mort à trente-six ans, a beaucoup écrit ; photographe, il était aussi cinéaste (La Pudeur ou l'impudeur), acteur... Il disposait de multiples talents.
Ami de Michel Foucault et de bien d'autres personnalités, détesté par Marguerite Duras, Guibert à beaucoup écrit sur le sexe, la souffrance et la mort.
Très vite, je n'ai pu m'empêcher d'acheter son premier livre "La mort propagande" : il me fallait un livre de lui. Une présence de Guibert m'est vite devenue indispensable : le livre d'Andrau m'obligeait à me rapprocher déjà davantage de l'écrivain animé par une "irrépressible envie de vivre"...
Car chez Guibert, la vie et la mort sont intimement liées. Et l'écriture permet la vie avec la mort et autorise la mort dans la vie. Avec l'idée de la mort et avec la mort qui arrive, la littérature s'affirme. L’œuvre grandit et Guibert intensifie le sentiment de la vie...
Le mérite du livre d'Andrau est de nous montrer Guibert photographe et du coup, de révéler le rapport entre les mots et la photo. Aux yeux de l'écrivain-photographe, l'image et les mots sont complémentaires. L'image permet ce que ne disent pas les mots. Son langage, qui évoque, permet de montrer une réalité, un moment fondateur.
"Il prétendait depuis toujours que "la photographie parlait, ou plus exactement exprimait quelque chose que l'écriture avait vocation de parachever."
Ce furent les prémices de l'invariable théorie qui guida sa vie et selon laquelle les mots étaient indissociables des images, comme une sorte de complément naturel. Il ne se privera jamais d'appliquer ce principe."

Les mots, les images, la mort, la souffrance, l'amitié aussi :

"C'était également un garçon très exclusif qui n'aimait pas partager ses sentiments. Il n'aimait pas aimer deux personnes à la fois, il n'aimait pas profiter de deux amis en même temps. Il aimait donner et recevoir du temps unique avec chacun.

Encore un point commun avec Montaigne ?



Commenter  J’apprécie          244



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}