- Eh bien, c’est un peu la même chose. Catholique, juif. On croit en quelque chose. Et ça nous rend meilleur, enfin, je pense. Si tu veux être président de tous les Américains, tu devrais t’intéresser à toutes les communautés qui forment notre pays. Les musulmans, les bouddhistes, et tout ça.
- Je m’informerai auprès de mon conseiller.
- Tu as un conseiller ?
- Oui, un conseiller en douze volumes, cela s’appelle une encyclopédie.
Ils éclatèrent de rire et Noah mordit dans le donut avec vigueur. Si son père l’avait vu, assis là, dans cette salle à manger, à bavarder avec un vieux, un juif, il lui aurait passé un savon. Dans sa famille, il y avait quelques règles auxquelles personne (c’est-à-dire lui) ne pouvait déroger sous peine d’être privé de Nintendo pour une semaine. Depuis longtemps, Noah faisait croire à son père qu’il adorait les jeux vidéo afin que celui-ci continue de le menacer de l’en priver. Tant qu’il le privait de Nintendo en croyant que cela l’affectait, il ne le privait pas d’autres choses plus vitales pour lui, à savoir les livres, les journaux, les sorties, et la glace au chocolat et aux noisettes. Et être assis là, dans cette salle à manger, à bavarder avec un vieux, bafouait au moins deux règles les plus importantes que son père avait toujours pris soin de lui inculquer : ne jamais parler aux inconnus et ne rien accepter d’eux.
Incipit :
Je n’ai jamais bien compris pourquoi les gens n’aiment pas les lundis. Je n’ai jamais aimé les jugements gratuits non plus, faits à l’emporte-pièce. Les préjugés. On dit qu’il y a des jours qui valent moins que les autres, puis on dit qu’il y a des sous-hommes, des sous-races. On vilipende le lundi, et puis on finit par vilipender les gens. Qu’ont de moins les lundis, je vous le demande ? Molière disait, dans la bouche de son Dom Juan, que les débuts ont des charmes inexprimables. Or, le lundi est le début de la semaine. C’est le moment où tout est encore possible, où tout reste à faire. La jeunesse de la semaine, dirais-je si j’étais poète. Et la jeunesse, Dieu ce qu’on la regrette quand on arrive à l’hiver de notre vie, vous verrez ça, et bien plus tôt que vous ne le pensez. Lorsqu’il n’y a plus rien à regarder devant, qu’il ne nous reste plus qu’à regarder au-dessus de notre épaule, tous ces souvenirs, ces regrets laissés derrière. Quand on est au lundi de notre vie, tout est à venir. Au lundi de notre vie, tiens, voilà que je continue à faire de la poésie.
En outre, je crois que nous devenons ce que nous nous efforçons de devenir. Certains doivent juste s'efforcer un peu plus que d'autres. Il faut se battre. Toujours.
Un regard neuf, créatif, innocent sur le monde, voilà la clé de la réussite. Les enfants ne sont pas représentés au gouvernement, or, nous sommes concernés par les décisions qui sont prises aujourd'hui, car elles auront des conséquences demain.
Il suffit de peu pour que la mémoire passe d'être notre alliée à notre pire ennemie. Solide, le souvenir devient de plus en plus flou, impalpable. Il se faufile au travers de notre esprit comme du sable entre les doigts. Il est impossible de le retenir. Il s'en va irrémédiablement.
...on se souvient toujours plus du mauvais que du bon, plus du mal que l'on nous a fait que du bien. Ainsi est la vie. Ainsi est la mémoire.
- Je m'informerai auprès de mon conseiller.
- Tu as un conseiller ?
- Oui, un conseiller en douze volumes, cela s'appelle une encyclopédie.
Je crois que si nous ne changeons pas les choses, eh bien, elles restent telles qu'elles sont. Et elles pourrissent.
Et la jeunesse, Dieu ce qu'on la regrette quand on arrive à l'hiver de notre vie, vous verrez ça, et bien plus tôt que vous ne le pensez.
Suite au fait que lundi tombe un mardi ce mercredi, notre réunion du jeudi se tiendra vendredi ce samedi, car dimanche est un jour férié.
Red SKELTON.