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Critique de GrandGousierGuerin


Au XVIème siècle, un vizir décida d'édifier un pont qui enjambe une rivière presque infranchissable dans une zone reculée de l'empire ottoman. Dès sa construction, la ville de Visegrad qui borde ses rives va se transformer, devenir un lieu de rencontre ou d'opposition des différentes communautés composant les Balkans : les Bosniaques musulmans, les serbes orthodoxes, les juifs mais aussi les croates catholiques ou encore les tsiganes. de cette société en patchwork, l'équilibre des pouvoirs passe du Turc ottoman à l'austro-hongrois. Par de courts chapitres, Ivo Andric se penche sur les histoires parfois dramatiques, drôles qui agitent cette ville, la remodelant sans cesse mais gardant son équilibre par ce pont qui unit les deux rives de la ville, trait d'union commun à tous ses habitants, donnant au final une unité à cette diversité.
Dans un style simple, Ivo Andric sait nous dévoiler cette âme des Balkans, complexe et fière par des chapitres courts qui s'échelonnent chronologiquement depuis l'édification du pont jusqu'à sa destruction. Il s'attache à chaque fois à une personne, le plus souvent humble et effacée, dont le destin ou plus simplement les péripéties pourraient être symboliques d'une période donnée, avec pour fil conducteur ce fameux pont.
Andric nous donne des clefs pour mieux comprendre cette région à l'histoire et à la géographie pour le moins embrouillée. Et on ne peut s'empêcher de confronter cette lecture au terrible conflit qui a touché cette région dans les années 80. Et on comprend que cette région ne sera jamais à l'abri d'un nouveau conflit : les Balkans ont dans leur gêne cette éternelle confrontation, terrible lutte qui oppose chacun à tous. A moins qu'il n'y ait un pont qui permette aux gens de se retrouver sur sa kapia pour discuter du monde en sirotant un café à la turque ?
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