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Critique de miriam


Après Mara la courtisane et autres nouvelles, Titanic et contes juifs de Bosnie, j'avais envie de me plonger dans un roman pour continuer à explorer l'univers d'Ivo Andric.

Omer pacha Latas raconte en 18 chapitres le règne de ce pacha, seraskier (chef suprême des armées ottomanes), sabre du Sultan, venu rétablir l'autorité turque en Bosnie, sur les beys et les knez qui prenaient trop d'indépendance. le livre s'ouvre avec l'arrivée du pacha à Sarajevo en 1850 à la tête d'un corps d'armée impressionnant en une parade éblouissante et se terminera un an plus tard en 1851 par le départ des troupes. Pour commencer le seraskier terrorise toute la Bosnie, par une occupation militaire aussi implacable qu'arbitraire. Les grands ne sont pas épargnés, au contraire, enchaînés, ils sont déportés à Istanbul quand on ne leur confie pas des tâches dégradantes en public. Puis une véritable occupation de l'armée et de la cour du pacha s'installe dans la durée dans la ville.

Chaque chapitre va décrire minutieusement comme dans une miniature orientale des tableaux vivants centrés autour d'un ou plusieurs personnages. Excellent dans les nouvelles, l'auteur écrit chaque chapitre, une nouvelle ou un micro-roman. On feuillette donc toute la collection de tableaux avec un point de vue différent : l'entourage immédiat des officiers, l'intendant pourvoyeur de chair fraîche, la femme du pacha, le cuisinier fou d 'amour, la carrière d'Omer pacha Latas....Plaisir retrouvé et renouvelé que j'avais découvert dans la lecture des nouvelles. Ivo Andric - Prix Nobel - est un grand maître!

A la lecture d'Ivo Andric, je prends conscience de toute la complexité balkanique. Omer pacha le "sabre du Sultan" est un "islamisé", fils d'un militaire autrichien, orthodoxe. La plupart des officiers qui l'entourent sont aussi des "islamisés" polonais, hongrois, grands buveurs et mécréants, patriotes déçus dans leur contrée d'origine. Saïda Hanum, la femme d'Omer pacha , est une pianiste roumaine. Roumain aussi le cuisinier, ou macédonien, c'est un peu mélangé. le pouvoir turc, l'autorité d'Abdul Hamid est donc représenté par une mosaïque d'individus, mosaïque de cultures. Les Bosniaques qu'on doit réduire à l'obéissance sont de bons musulmans, mais aussi la raïa, population chrétienne orthodoxe, ou communauté juive. La scène où Omer pacha tente de séduire le voïvode Zimovitch, en rappelant ses origines à Iania Gora (Croatie), est une bouffonnerie.

j'ai pris grand plaisir à lire cet ouvrage qui est vraiment un grand livre!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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