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Critique de Malaura


Un soir, le commissaire de Vincenzi voit débarquer dans ses locaux, Aurigi, un vieil ami de collège qu'il n'avait plus revu depuis de nombreuses années.
Des retrouvailles surprenantes, assombries par l'humeur chagrine d'Aurigi, qui, accablé par de grosses pertes d'argent en bourse, confesse qu'il est totalement ruiné.
Au cours de la nuit, de Vincenzi est appelé sur les lieux d'un crime et découvre avec stupeur que le théâtre du drame n'est autre que l'appartement de son ami. Garlini, un agent de change, y a été assassiné et gît, inanimé, sur le plancher.
Tout semble accuser le malheureux Aurigi. Au nom de leur ancienne amitié, de Vincenzi refuse de se contenter de ce coupable tout désigné…

Chapeau haut de forme, gabardine, mystère et acide prussique, cette enquête classique dégage un parfum un rien suranné, un charme agréablement désuet qui n'est pas sans rappeler les énigmes policières de la reine du crime Agatha Christie.
Rédigée en 1935, en pleine période fasciste, par l'écrivain italien Augusto de Angelis (1888 – 1944), cette sombre histoire de meurtre évite au demeurant toute allusion au climat politique de l'époque, ce qui n'empêchera pas par ailleurs son auteur, également journaliste, d'être incarcéré pour antifascisme, de goûter aux geôles du Duce dans les années 1940 et d'en mourir en 1944…
Mais dans « le banquier assassiné » point de politique, seuls comptent l'enquête et le mystère trouble qui entoure l'assassinat de l'agent de change Garlini.
Et c'est là qu'intervient celui qui donne tout son cachet et sa saveur à cette fiction policière, le commissaire milanais Charles de Vincenzi !
Car de Vincenzi fait partie de ces enquêteurs, de Sherlock Holmes à Hercule Poirot, qui, par leur tempérament, leur intelligence et leur brillant esprit d'analyse, portent à bout de bras une histoire, en sont en quelque sorte la substantifique moelle, le fondement, le pivot central.
Et on peut dire qu'Augusto de Angelis a créé un détective tout ce qu'il y a d'intéressant et d'attachant, un policier aussi fin limier que grand érudit, un amateur de philosophie platonicienne et de littérature, possédant davantage l'esprit d'un poète que celui d'un flic. le tiroir de son bureau renferme les oeuvres de D.H Lawrence, « La ballade de la geôle de Reading" d'Oscar Wilde ou les « Epîtres de Saint Paul", qu'il lit dès qu'il a un moment de libre…

C'est donc en compagnie de cet original commissaire, que le lecteur se plonge dans cette intrigue policière, laquelle se déroule, un peu comme au théâtre, quasiment en un lieu unique, et s'articule principalement sur la déduction et l'intuition plutôt que sur l'action.
Nous voici donc réunis sur les lieux du crime, l'appartement d'Aurigi, le commissaire a invité tous les protagonistes impliqués dans l'histoire, et comme l'aurait fait en son temps son homologue belge Hercule Poirot, il va s'employer à démonter un à un tous les rouages de cette sordide affaire, interrogeant, disséquant, analysant, pour, au terme d'une brillante démonstration où se mêlent raisonnement, logique et dialectique, désigner d'un doigt inquisiteur l'authentique meurtrier !
Une véritable partie de Cluedo !

Alors bien sûr, il faut replacer cette histoire dans son contexte, celui des années 1930. A l'époque les thrillers ultra-violents n'existaient pas encore et aujourd'hui, à l'heure des polars très noirs et bien sanglants, la lecture de ce petit policier pourra sembler un brin décalée. Mais, même s'il ne figurera sans doute pas dans les annales du crime, il n'en demeure pas moins un polar d'honnête facture bien sympathique, au suspense savamment entretenu, avec lequel on passe un agréable moment.
C'est donc une bonne idée qu'ont eu là les éditions Payot de faire découvrir aux français l'écrivain milanais Augusto de Angelis, considéré comme le père du roman policier italien et devenu un auteur culte en Italie depuis que les histoires de son héros de Vincenzi ont été adaptées à la télévision dans les années 1970.
On pourra d'ailleurs retrouver le policier féru de Platon dans deux autres titres de la collection Rivages/noir : « L'hôtel des trois roses » et « le mystère des trois orchidées ».
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