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Critique de Bouteyalamer


Marguerite, que son frère renomme Maya, a trois ans quand elle est expédiée chez sa grand-mère à Stamps, Arkansas, avec une étiquette au poignet indiquant « À qui de droit ». Dans ce village du Sud ségrégationniste, elle vit son enfance jusqu'à huit ans, soutenue par deux alliés, son frère et sa grand-mère. Son « beau petit frère noir » — aîné d'un an mais moins déterminé que sa soeur — est un confident/miroir qui l'aide à comprendre le quotidien. Sa grand-mère Momma, figure locale puissante et protectrice, dont « l'univers était bordé de tous côtés par le travail, le devoir, la religion, et le souci de rester à sa place », lui apporte une culture communautaire, matriarcale, solide malgré la crainte et le mépris réciproques des blancs, en particulier des « petitblancs » plus pauvres, plus proches et plus agressifs. À huit ans elle est envoyée chez sa mère à Saint-Louis et son enfance s'achève : elle est violée par son beau-père, lequel sera battu à mort par ses oncles. Elle retourne à Stamps après le drame et redécouvre sa mère deux ans plus tard, cette fois à San Francisco. L'aide assez distante de cette femme décidée, cynique quand il le faut, lui apprend à construire sa vie. Elle obtient de haute lutte un emploi à la compagnie de Tramway, finance sa scolarité, prend l'initiative d'une première relation sexuelle consentie pour se rassurer sur sa normalité, se trouve aussitôt enceinte, et c'est sa mère qui lui fait accepter son fils nouveau-né. Fin du premier tome d'une biographie en six volumes.

Cet autoportrait pourrait être un récit victimaire ou pire (notre marché littéraire est friand de l'exhibition du pire). À l'opposé le style est nu, sans une once de commisération. C'est le récit de la formation d'une femme par les femmes qui va conduire une enfant solitaire à une vie adulte responsable, à la défense des droits civiques, à l'amitié de grandes figures de la musique, de l'écriture et de la politique, et finalement à la reconnaissance internationale.
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