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Critique de brigittelascombe


Guerre de 14-18."Nous devons fuir les enfants: les Turcs avancent et tuent tous les Arméniens"
Réveillés à quatre heure du matin par cette injonction, Aram (dont le cahier d'Aram relate le cruel exode arménien et le déracinement) ,adolescent arménien courageux devenu adulte par la force des choses, fuit avec sa mère et leurs cousins.
Le cahier d'Aram,tenu tour à tour par Aram et sa mère, journal fictif inspiré de faits historiques réels, débute réellement en Grèce alors qu'ils sont sauvés et qu'Aram pratique la plongée avec des pêcheurs de corail avec de s'implanter avec sa mère (couturière) à Marseille, puis revient en arrière près du lac de van où, hébergés chez des cousins le temps d'un pèlerinage, ils doivent fuir à travers les montagnes russes affrontant la faim, le froid, l'épuisement, le désespoir, les épidémies, l'abandon, la mort, la survie...et l'angoisse de l'hypothétique perte du reste de leur famille dont ils sont sans nouvelle.
Maria Angels Anglada (prestigieuse auteur catalane à présent décédée) connue pour son écriture engagée (Les violons d'Auswitch), relate ici un pan de l'histoire arménienne (de 1914 à 1922) pour dénoncer l'horreur du génocide (des déportés à travers le désert que l'on peut lire sur des articles joints et des fugitifs vers la Russie), les droits de l'homme bafoués. L'auteur écrit aussi pour que perdure cette culture riche de chants, de poésies (le père d'Aram était poète et des poèmes arméniens connus sont insérés en têtes de chapitres), et de traditions.
Maria Angels Anglada rend fort bien le désespoir de ceux qui laissent tout maison, animaux et biens, pour partir pauvres vers un avenir incertain, la hantise de ceux qui pressentent la mort des leurs, leur difficile reconstruction. L'écriture poétique (ex: "ma peau d'enfant s'est détachée d'un coup") transmet des sentiments forts car empreints de sensibilité. le côté témoignage explique comment la communauté arménienne s'est implantée à Marseille.
Comment ne pas penser aux très beaux livre et film émouvants (Mayrig) d'Henri Verneuil (sur son vécu d'enfant arménien en fuite puis l'implantation de sa famille rue Paradis à Marseille)?
Comment ne pas penser à Ru de Kim Thuy sur son vécu d'enfant vietnamienne et l'exil vers le Canada? car tous les exils sont déracinements et tous les génocides sont à dénoncer pour dire non aux massacres, pour que soient respectés les droits de l'homme.
Le cahier d'Aram est à lire pour que perdure la mémoire!
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