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Critique de NMTB


NMTB
16 février 2019
C'est en grande partie une chronique politique de la première moitié du quinzième siècle : la guerre entre Bourguignons et Armagnacs, la perfide Albion, Jeanne d'Arc, etc… D'après les historiens, cet auteur anonyme était plutôt bien renseigné.
Mais d'où parlait-il ? de Paris, bien sûr. Et du peuple aussi. Il note régulièrement les prix des diverses denrées (et même le tarif des prostituées à l'occasion), l'inflation, les aléas du climat et les récoltes. Entre les crues de la Seine, le froid (il arrivait parfois de neiger en avril et de geler en mai), les épidémies, on dirait que notre auteur passe son temps à se plaindre de la misère, de l'insécurité et des impôts, et il y avait de quoi. le pire était peut-être les incessantes guerres, les pillages et le rançonnage, l'indiscipline des troupes, que ce soit du côté des Armagnacs, des Anglais mais aussi des Bourguignons, ils ressemblent tous à des armées de mercenaires qui font un peu ce qu'ils veulent. Et chaque fois c'est le peuple qui paie l'instabilité de la France à cette époque, de sa vie et de sa bourse.
Politiquement, notre auteur anonyme est d'abord resté fidèle à Charles VI tant qu'il a vécu. C'est avec une certaine logique qu'il a été ensuite du côté des Bourguignons contre les Armagnacs jusqu'au traité de paix d'Arras, et même après il reste très critique sur Charles VII. En résumé, il est clair qu'il imputait la cause de la guerre et tous les maux de la France à l'entourage de Charles VII et aux Armagnacs. On peut donc imaginer qu'il n'avait pas une grande dévotion pour Jeanne d'Arc. Il parle d'elle au moment du siège d'Orléans (chapitres 503 et 504), pour en faire la « créature » d'un prédicateur à succès, un certain frère Richard, au même titre que deux ou trois autres femmes plus ou moins mystiques. Sur Jeanne d'Arc, il écrit simplement « In veritate appocrisium est », ce qui semble signifier que tout cela n'était pas très catholique.
Quoi qu'il en soit, ce livre ne contient pas énormément de considérations personnelles, c'est une vraie chronique qui relate beaucoup de faits, et à ce titre elle peut être assez ennuyeuse, car à part quelques historiens tout le monde se moque de savoir quel était le nom du prévôt des marchands ou qui a remplacé tel évêque à telle date. Cependant, on trouve quelques anecdotes significatives sur la vie à l'époque, et ce que j'en retiendrai c'est qu'elle était peut-être moins violente mais beaucoup plus cruelle que la nôtre. Je le dis sans jugement de valeur, c'est un constat sur leur quotidien. Il y a un nombre impressionnant de têtes coupées en place publique, d'expositions de cadavre au gibet, d'assassins, de violeurs, de bandes de voleurs qui n'hésitaient pas à torturer et estropier des enfants. Tout ce qu'on peut raconter d'horrible sur le fameux Gilles de Rais n'était peut-être que le simple quotidien...
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