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Critique de Luniver


Il me reste toujours un petit peu d'embarras au moment de m'immiscer dans l'intimité des autres, même si les faits remontent à presque un siècle maintenant. Et difficile de trouver plus intime que des lettres d'amour, surtout à caractère érotique, qui ont dû beaucoup compté dans la vie de leur auteure, quand on voit le soin avec lequel elle les a conservées.

Ces lettres racontent l'histoire d'amour entre Simone et son amant Charles. Cet amour est malheureusement est asymétrique : Charles est marié, plus jeune, et tout semble indiquer que leur relation, si elle ne tenait qu'à lui, ne durerait pas bien longtemps. Pour Simone, au contraire, Charles est l'amour de sa vie, l'homme pour qui elle abandonnera toute pudeur et les convenances de son rang. Elle semble bien consciente de la fragilité de leur relation, et tente d'obtenir des serments de fidélité qui n'arrivent jamais (ou qui ne la convainquent pas complètement).

Pour conserver son amant, Simone décide de réaliser tous ses fantasmes, qu'elle lui détaille dans ses lettres dans les termes les plus crus (les lecteurs persuadés que leur génération a inventé la sexualité risquent d'ailleurs d'avoir une drôle de surprise). Ses déclarations passionnées (« Tu n'oseras jamais demander de pareilles choses à d'autres femmes que moi », « Nous ne pourrons jamais nous quitter après avoir connu tant de plaisir ensemble », …) sonnent toutefois comme des interrogations angoissées. Car cette stratégie ne fonctionne qu'à moitié : si à chaque dispute, Simone fait miroiter à Charles un fantasme un peu plus audacieux que le précédent, ce dernier, une fois ses sens assouvis, prend toujours plus fermement ses distances. Par dégoût ou par peur de ses fantasmes homosexuels (sodomie passive, inversion des rôles, …) ? L'époque n'aide sans doute pas à les assumer, l'impératif de virilité non plus.

On pourra reprocher à Charles sa lâcheté, ou à Simone son amour obsessionnel, à en devenir étouffant. On pourra également grimacer devant les fantasmes des deux amants, qui ne sont toujours pas devenus courants à l'heure actuelle. Quant à moi, je retiendrai surtout cette passion entière, sans compromis, qui n'existe qu'une seule fois dans une vie. Les lettres ont tendance à se répéter, surtout vers la fin où on s'intéresse plutôt au dénouement final de cette histoire, mais Simone méritait bien de passer à la postérité.
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