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Critique de paroles


Quelle truculence dans les dialogues. Ah ! monsieur Anouilh comme vous maniez le verbe quand il s'agit de dispute, d'affrontement, de corrida.

Le Général n'en peut plus d'être mariée depuis une vingtaine d'années avec Madame. Ce sont des scènes quotidiennes qu'il doit affronter. Madame est jalouse. Heureusement, le docteur Bonfant est là pour lui servir de confident et soulager un peu sa conscience.
Oh, il a bien aimé Madame au début, enfin deux ou trois ans, le temps de lui faire deux filles, moches. Mais après la passion est retombée et depuis il s'offre quelques "carottes, des bonnes, des serveuses de restaurant, tout ce que peut se permettre entre deux portes, un homme très surveillé."
Pourtant, cet homme aime, d'un amour platonique, une jeune femme, mademoiselle de Sainte-Euverte, qu'il a rencontrée il y a dix-sept ans au bal du Cadre noir à Saumur. Et depuis dix-sept ans, il lui demande de l'attendre, car bientôt, oui enfin, il va demander le divorce. Enfin il aimerait bien, mais il ne peut pas, il n'ose pas. Il a peur, il est lâche.
Mais voilà que mademoiselle de Sainte-Euverte arrive chez lui, avec des preuves de l'infidélité de son épouse, du moins le croit-elle. Ca y est ! Enfin libres. Enfin presque. Enfin peut-être. Oui. Non. le Général a peur d'affronter sa femme et se déculotte encore une fois. Mademoiselle de Sainte-Euverte aussi, mais pour les beaux yeux du secrétaire du Général qui a une si jolie voix et des mains si douces. Et puis dix-sept ans c'est trop long !
Le pauvre Général restera donc avec Madame qui le gardera jusqu'au bout, quoiqu'il arrive, car elle l'aime.
"Je t'aime, parce que si piteux que tu sois, tu es à moi, mon objet, ma chose, mon fourre-tout, ma boîte à ordures..."

La valse des toréadors est une farce en cinq actes. L'acte quatre a, lui seul, est l'affrontement entre le Général et Madame. Tous deux, enfin, vident leur coeur et crachent leur venin, les répliques sont cinglantes, cruelles, au paroxysme de la haine.

Bien qu'il soit râleur, coureur de jupon, lâche, le Général reste un personnage touchant, peut-être à cause de sa lucidité : il sait qu'il est lâche mais sensible.
"Quand elle (mon âme) est en face de la Générale elle gueule de peur et de dégoût -seulement quand je fais pleurer la Générale, elle (mon âme) me coupe les jambes, m'inonde de pitié, d'ignoble pitié, de vieux souvenirs d'amour du temps où tout n'était pas racorni et froid entre nous."

Bien sûr, vous avez compris, j'ai adoré cette pièce et je vous invite à la lire. Si vous n'êtes pas habitué à lire du théâtre, contentez-vous de l'acte IV. Il vaut son pesant d'or.

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