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Critique de Axelinou


Un ‘roman graphique' d‘un nouveau genre : Jean-Marie Apostolidès a choisi, parmi les centaines de dessin de Luc Giard, quelques oeuvres sans rapport les unes aux autres, à partir desquelles il a bâti un scénario. Comme quoi un roman graphique peut aussi être un essai.

« Je suis le robot RW 2743 J. J'ai été fabriqué en Californie en novembre 2083. Ma spécialité est l'empathie artificielle. Mes concepteurs tentent avec moi une expérience unique : ils me chargent de mener la vie des H. Je dois me mêler à la population, trouver un métier, me rendre utile et survivre par mon travail. Jamais auparavant une machine n'avait eu autant d'autonomie. On m'appelle Johnny Bing. »

« Je ne suis qu'un robot mais la sottise des H m'exaspère. Leur pauvre intelligence est incapable de percevoir la complexité du réel. Ils ne peuvent pas régler des problèmes ayant des ramifications planétaires. Ils ne voient rien de leur environnement immédiat.
Il n'est pas difficile de prédire ce qui les guette : un monde gouverné par des machines. Nous, robots, sommes tellement en avance sur eux que nous ne devrions jamais les écouter. Mais notre programme nous oblige à leur obéir. Pendant combien de temps serons-nous encore les esclaves de ces pauvres créatures ? »

« Les H ne cessent de m'étonner par leur insouciance, leur liberté, leur ivresse. Au premier rayon de soleil, les couples se font et se défont comme des fleurs printanières. La légèreté et la joie éclatent partout, créant un étrange contraste avec ma solitude de machine sans amour. Que ne puis-je rire et sauter comme eux ? Qui m'aidera à achever ma mutation ? »

« Ai-je vraiment envie d'être un H ? Je ne crois pas. Leurs capacités sont trop limitées. Par contre, je suis très attiré par les étudiantes de Harvard. Je les appelle des femmes-écriture. Elles m'ont redonné le goût du dessin. »

« 21 janvier 2088. J'ai passé une semaine à errer seul dans Paris. Je pense constamment à Camille. Les H appellent ça l'amour. Si c'est de l'amour, j'aime Camille sans espoir d'en être aimé. Elle m'a prévenu : « Je ne pourrai jamais aimer un robot comme j'aimerais un H. » Elle a ajouté en me fixant dans les yeux : « Même un robot mutant. » J'en faisais, une tête ! »

En cette période du tout à l'intelligence artificielle (2018, je veux dire), un livre sur l'empathie artificielle des robots ne sera pas très longtemps classé en science-fiction.

Evidemment le robot devient excessif et échappe à sa condition de robot, bien décidé à refaire sa vie.

On le verra tour à tour mélancolique, amoureux, cynique, artiste, rêveur (mais comment est-ce possible ?), incompris (souvent), désabusé…

En résumé une fable sur la robotique qui nous dépasse.

Histoire intéressante, surtout grâce au concept de présentation.

Merci à la maison d'édition belge 'Les impressions nouvelles' d'avoir osé cette création.
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