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Critique de ODP31


« Patria » apporte la preuve qu'un grand roman possède plus de force que n'importe quel pamphlet et que la chair d'un récit surpasse et défrise souvent la chronologie d'un travail d'historien.
Je suis heureux que l'écho de ce livre, phénomène de société en Espagne à sa parution en 2016, ait pu traverser les Pyrénées, magnifiquement traduit de l'espagnol par Claude Breton.
Les destin entrecroisés de deux familles déchirées d'une petite bourgade voisine de Saint-Sébastien, incarnent toute la tragédie de ces 30 années de conflit fratricide, où les assassins et les victimes se croisaient dans la rue, s'appréciaient avant de se détester, s'aimaient avant de se tuer.
L' histoire : Un entrepreneur refuse de payer l'impôt révolutionnaire. Banni par les habitants de sa localité, plus par peur que par conviction politique, il est exécuté et sa famille doit quitter les lieux. Bien des années plus tard, Bittori, sa veuve, au soir de sa vie, décide de revenir dans sa maison pour connaître la vérité. Elle fait face à Miren, son ancienne amie, mère d'un activiste de l'ETA emprisonné pour son implication dans plusieurs assassinats. Elle s'est laissée fanatiser par la cause et l'amour de son fils. Ces deux caractères très forts dominent les autres personnages du roman et notamment les maris, faibles et dépassés.
L'auteur décrit également les événements qui jalonnent l'existence des enfants des deux familles dont les vies portent le tatouage indélébile de l'assassinat d'un père pour les uns, de l'emprisonnement d'un frère pour les autres. A aucun moment, la description des personnages ne tombe dans la caricature, chacun possède sa vérité, entretient ses mensonges, certains essayant d'être acteurs de leur vie, d'autres conscients qu'ils n'y font que de la figuration.
L'auteur a construit son roman comme un album de photos désordonné, avec des chapitres courts qui décrivent des instantanés de vie. Aussi, j'ai rapidement décidé de prendre mon temps pour venir à bout de ces 600 pages, afin de ne pas bâcler la lecture et de garder le souvenir de chaque scène.
L'auteur n'organise pas une « marche blanche » littéraire, il est sans complaisance face à la dérive mafieuse et criminelle des séparatistes qu'il dénonce. Son personnage principal ne peut envisager le pardon ou la réconciliation sans excuses, la justice de l'âme. Il décrit aussi de façon clinique la dérive de certains jeunes, immatures, poussés peu à peu vers la clandestinité et la criminalité.
Des personnages riches, un contexte historique fort, un style épuré au service du récit, autant d'alibis qui justifient la lecture de ce roman important.
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