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Critique de gonewiththegreen


L'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, pays basque et liberté) a annoncé la fin définitive de la lutte armée en Octobre 2011. Après avoir été crée par cinq étudiants basques en 1958 , les "etarras" ont tué plus de 800 personnes . des assassinats politiques mais aussi beaucoup d'innocents , comme en 87 au supermarché de Barcelone, plus de 20 morts.
L'ETA a terrorisé l'Espagne mais a aussi divisé "Euskal Herria". C'est cette division qui nous est narrée ici dans ce dense et épais roman dont on ne sort pas indemne.
Le roman commence sur cette annonce du dépôt des armes. Miren espère que son fils , emprisonné depuis de longues années, va être libéré. Son mari n'est plus qu'une loque , sa fille est paralysée et son autre fils qui a choiside s'éloigner ne donne que peu de nouvelles.
De plus Bitorri, son ancienne grande amie, est revenu au village . Elle veut découvrir la vérité sur l'assassinat de son Txato et partir le rejoindre soulagée dans sa tombe.

Pendant 600 pages, l'auteur va naviguer entre les deux familles, entre les époques. il va de façon remarquable montrer la déchirure du Pays basque, son Pays basque qu'il a quitté, l'insupportable pesanteur au sein d'un village où tout le monde soupçonne tout le monde, où la lutte armée et la reconnaissance des etarras est une quasi obligation.
Il va montrer comment l'ETA a pourri indirectement la vie de tout un peuple, entrainé dans les méandres de l'horreur par quelques fanatiques.
Bien entendu, l'impôt révolutionnaire est évoqué.L'ETA se finançait en taxant les entreprises locales qui se devaient de payer l'impôt mais aussi certaines personnalités . C'était un secret de polichinelle en Euskadi. Le grand public français l'a découvert avec Bixente Lizararu, footballeur à Bilbao, menacé par l'ETA dès son arrivée à l'Atletic (club de foot dont la singulartté est de ne jouer qu'avec des joueurs d'origine basques , ce qui est le cas de Bixente).
Tout ça est merveilleusement relaté ici, l'auteur réussissant brillamment à nous rapprocher de chacun des protagonistes , à partager leur haine, leur dégoût, leurs amours. Le personnage de Joxian , mari de Miren, est attendrissant : Soumis à une mégère qui n'a d'yeux que pour son fils impliqué dans la lutte armée, il va petit à petit tout perdre sauf son potager.

Enfin , Patria est aussi un livre sur l'Euskadi, son goût pour le vélo, ses parties de mus, le béret vissé sur la tête, les repas à la cidrerie... Il met en valeur la beauté du paysage , cette montagne qui plonge dans l'Atlantique, sans occulter la lancinante pluie qui le rend si vert.

J'ai grandi proche de la frontière espagnole et l'ETA était un sujet courant à la maison.Il a suscité la peur au sud des Landes. J'imagine la terreur du peuple basque, oscillant entre fierté et peur.
Un livre indispensable.
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