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Critique de SamDLit


Petite Mère, Lolette, Linda qui es-tu ?
une poulette, elle est facile celle-là, Paulette
Au bal de tes 14 ans, tu dansais sans le savoir sur le futur de ton présent
Les yeux battus la mine triste
Et les joues blêmes
Tu ne dors plus
Tu n'es plus que l'ombre de toi-même
Bambina, que t'ont-ils fait ?

Des aiguilles à tricoter tu as connu l'ange
Des trottoirs tu en as arpentés beaucoup, tes semelles sont usées
Des mains tendues quelques unes, souvent des soeurs
Sidonie, d'abord à l'usine, ton futur dessiné lui aussi
Comme des présages semés sur ton passage
On ne t'avait pas appris à t'écouter, tu léchais tellement bien les larmes des tiens que les tiennes semblaient vaines

Difficile lecture
que ce récit document
témoignage de Linda écrit par et avec Jean Arcelin, vous savez celui qui avait si bien raconté dans "tu verras maman, tu seras bien" l'envers du décor avec ses rires, ses larmes, ses grincements de dents, ses sourires, ses découragements,

Difficile lecture, dure, ensemencée de tellement de douleur, de tellement de courage, de tellement de pertes et puis de tellement d'espoirs, de petits bonheurs et de sagesse aussi.

Impossible d'imaginer un tel destin, cette histoire vraie bouleverse du début jusqu'à la fin, de sa naissance jusqu'à ses soixante-dix-sept ans.

2020, tu écris une nouvelle page, Linda, tu ouvres les fenêtres et tu te racontes sans fards, juste à nue, parcheminée de tous les chemins parcourus, de toutes ces vies menées par une seule et même personne, la petite Paulette des Ardennes, celle qui approchait sans bruit Fanette dans la forêt, celle qui avait appelé son chat Marcel du nom de son instituteur, celle qui aimait Tommy son enfant chien, gardien de ses secrets, défenseur de sa vertu, de ce qu'il en restait parfois.

Tu es devenue femme, tu es devenue mère, cette fois-ci tu y es arrivée, elle est née cette petite fille qui va peut-être venir t'embrasser en te disant maman-cadeau, tu sais -- je savais, maman et Nicolas, mon fils, le saura aussi. Comme tu le dis si bien Paulette, il est beau, intelligent, il comprendra et t'aimera tout autant.

Je ferme la porte Paulette, je te laisse avec eux, avec ta famille, celle que tu as protégée contre vents et marées, celle à qui maintenant tu écris ce témoignage.
77 ans. Il est temps de penser à toi. Paulette. Sache que tu m'as beaucoup appris et que tu m'as beaucoup donné. Il est temps de laisser les autres te donner.
Je t'embrasse Paulette et te laisse dire les mots de la fin que tu te dessines maintenant:

"Plus je pense à la question du bonheur, plus il m'apparaît que pour m'en approcher, je devrais commencer par le début. Se réconcilier avec soi-même, retisser le lien à soi. Je suis la seule à pouvoir le faire. Je n'ai rien à oublier, c'est impossible, et aucun pardon à implorer. Je dois juste fermer les yeux devant l'azur, ressentir le vent tiède du vol des anges et laisser la lumière percer mes paupières. Alors je tends les bras à cette fillette qui pleure encore en moi, à cette jeune femme meurtrie qui se débat. Je les enlace et leur dis ces mots que j'ose enfin prononcer : « Sèche tes larmes, Petite-Mère, c'est fini. Et prends soin de toi, Paulette, car vois-tu, je t'aime."

Récit document sorti chez XO éditions le 11 mars 2021.
Linda, l'Ange de Pigalle est une lecture dure et nécessaire, dédiée à toutes les Lindas passées, actuelles et futures. Linda avec et par Jean Arcelin.

Un témoignage que nous pourrions tous faire l'effort de lire, car ne vous y trompez pas, il est dur, il est cru, il est assassin, il est cruel, il fait mal, il fait peur, il n'épargne rien ni personne et puis surtout il éclaire. - Réservé à un public averti -

Ce livre, Linda l'a écrit pour sa fille, à qui elle a toujours caché son métier. Une manière de se réconcilier avec elle-même et avec les siens.
Elle l'a aussi écrit pour toutes les adolescentes à qui l'on promet, un jour, de l'argent facile.
À ces dernières, elle dit : « On ne s'élève jamais en vendant son corps, au contraire, on descend toujours plus bas, parfois jusqu'aux ténèbres… » Victor Hugo, son poète favori

Un grand merci aux éditions XO et à NetGalley

* Un témoignage 'bien écrit' par Jean Arcelin qui se lit comme un roman, loin loin du romanesque ou de Manara où sont évoqués la fermeture des maisons d'agrément, l'arrivée du VIH, les oeillères et politiques françaises (dans ce cas), les réseaux nouveaux: débarquements des 'îles' ou de l'est, qui est ponctué également de quelques 'jolis souvenirs', moments tendresse, de temps en temps, heureusement sans le dénaturer. - Pour public averti, bis repetita *


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