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Critique de AnnaDulac


Il paraît, et ce sont les oiseaux qui colportent cette rumeur, que Paul Ardenne a écrit ce livre en mouvement, dans les trains, les gares, les avions, les aéroports… pas tout à fait en vol, mais presque…

C'est sous la forme d'un récit partiellement dialogué avec un ami, à Istanbul, sur les bords du Bosphore animé par les vols fous des mouettes et des hirondelles, que Paul Ardenne convoque son enfance.

Aujourd'hui critique d'art, muséologue et passionné de moto, Paul Ardenne, « garçonnet charentais », né à la campagne se rêvait ornithologue, mais attention, pas n'importe quel ornithologue…

Cette vocation, au nom imprononçable pour un enfant, était pour lui la seule manière sociale de dévoiler sa face cachée : cette certitude d'être né oiseau, d'être un « oishomme » attendant patiemment la pousse de ses ailes et de son bec.

Pour l'enfant surnommé « Nid », il n'était pas question d'imiter, de se déguiser. Il fallait être oiseau, viscéralement, même si l'on est atteint de vertige, car il existe des solutions : nicher au ras du sol comme un dodo mauricien ou un oiseau anatolien.

Ce récit si personnel n'est donc pas une millième variation sur un des mythes les plus archaïques qui ait occupé l'esprit de l'homme : voler comme un oiseau.

C'est de l'enfance dont il s'agit, de la formation de soi, de la vie même et de la manière de « se déjouer des plans lâches des normaux ». Et aussi de l'importance de la nature formatrice.

Tout cela ne va pas sans souffrance ni douleur : être moqué par les autres, agressé physiquement, presque brûlé dans son nid, voire même poussé au désastre, comme un des amis de Paul…

On devine derrière les mots de Paul Ardenne l'incompréhension de l'entourage (« je n'existais pas vraiment pour mon père »), des interventions malheureuses de psys ou de « rabouteux » bien décidés à purger l'âme de l'enfant par des rites cruels : tuer un oiseau pour tuer l'oiseau en soi.

Toutefois ce qui domine le récit, c'est la joie, le bonheur, « la dévotion, l'amour fou, la passion » pour les oiseaux.

J'ai été touchée au coeur par ce texte, jamais mièvre, jamais ennuyeux, souvent drôle, qui dit à la fois toute la violence de la vie (humaine et animale) et toute sa splendeur. Et qu'on y croise François d'Assise, Messiaen, le cascadeur Gil Delamare n'est pas pour rien dans le charme de cette lecture.

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