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Critique de brigittelascombe


Qui était donc ce Turquetto, peintre génial qui aurait peint le fameux tableau du Louvre, L'homme au gant?
Metin Arditi nous retrace sa biographie et sa fuite de Constantinople vers Venise où il connaitra la célébrité puis le rejet.
Constantinople 1519.
Rue des fabricants de pantoufles, nasses de porteurs,crieurs,badauds.Grand bazar à la foule bigarrée.
Orphelin de mère, Elie Soriano méprise son père, "juif en terre musulmane"employé au marché des Esclaves qui "pisse tous les trois pas".
Elevé par Arsinée fournisseuse d'esclaves, le sexe dur, il rêve de dessiner le galbe d'un sein,l'arrondi d'une croupe, lorsque cette dernière dénude une fille pour la revendre au vizir.
"Voyou!" crie Arsinée.Tu n'es qu'un rat à l'affut !
Mine de plomb à la main,il trace trait après trait,ombre,dégrade,fronce un regard,trace un muscle jusqu'à rendre son dessin réel.
La violence des émotions lui octroie une certaine suprématie.
"Tu n'es pas musulman!Tu es juif ! Et tu n'as pas le droit de calligraphier!"
Djela, le fabricant d'encres le met en garde, lui qui ne sait pas se défendre dans la rue mais prie, danse et tournoie jusqu'à l'extase pour atteindre la sérénité.Sachant Elie intelligent, une amitié voit le jour et l'homme initie le gamin au secret de son encre parfumée à la rose.
"Elie a la grace"
Efthymios,le serviteur de l'église,l'a lui aussi compris en voyant ses dessins.
Le rabbin lui reproche de reproduire des images qui pourraient passer pour de l'idolatrie.
Que faire?
Pris entre deux feux, son désir de peindre et sa véritable identité de juif qui l'en empêche, à la mort de son père,Elie va s'enfuir pour Venise à bord d'un bâteau.
Il sera Ilias Troyanos.
"Greco?
Greco!"
Venise.Surnommé le Turquetto, Elie-Ilias se présente à l'intendant d'un atelier, livre une "Adoration" à un marchand de draps.Puis un notaire le quémande pour brosser le portrait de sa fille Stéfania.Enfin une "Cène" le propulsera.Il acquiert de la notoriété. L'élève de Titien admire le Maître, apprend le ressenti devant un tableau, les vagues des émotions, l'existence propre du sujet, il apprend à peindre la condition humaine.
Mais à cacher son identité on se brûle les ailes, surtout lorsqu'on est juif et que l'église est le vrai mécène de l'art "sacré"en cette époque de Renaissance flamboyante.
Véritable fresque historique,sur le thème de l'exil,du secret, sur fond de pouvoir, de rivalités au temps du Doge et de la noblesse, quel est le prix d'un destin, que reste-t-il de l'oeuvre d'un banni, est-il bon de renier ses origines? Voilà les questions posees par l' excellent livre de Metin Arditi(dont l'oeuvre a déjà été récompensée plusieurs fois) qui je l'espère, le 31 aout, obtiendra le prix du roman FNAC 2011.
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