AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bookycooky


« Tout n'est que sujet de douleur pour elle: la lumière du matin qui entre à travers les persiennes mis-clos, le corps de mon père qui ronfle allongé à côté d'elle, ma maigreur informe, le travail aux champs, la sécheresse…. »,
Dans les années 60, Oliva une jeune fille de quinze grandit dans la campagne sicilienne entre une mère malheureuse qui le projette expressément sur sa fille, et un père silencieux, mais bienveillant et doté de bon sens. À une époque où les femmes vivent et sont forcées de vivre encore comme des poules en cage, et ne servent qu'à faire la domestique, assouvir les désirs sexuels des mâles et engendrer des enfants, Oliva, elle, rêve de liberté….

Ce second livre non encore traduit de Viola Ardone, écrivaine napolitaine , connue et très appréciée sur Babelio pour son premier livre « Le train des enfants », traite ici un sujet déjà maintes fois utilisée par les écrivains d'Italie du Sud : la condition de la femme
au siècle dernier dans leurs contrées. « La femme au singulier n'existe pas », on marie les filles à quinze ans avec des complèts inconnus et si elles sont violées les marier avec le violeur est la seule solution pour sauver leurs honneurs. Alors qu'aujourd'hui en lisant dans les journaux, une situation similaire en Afghanistan ou au Pakistan on est sidéré. Malgré le “déjà lu” du sujet, la version d' Ardone lui donne un nouveau souffle. Sa prose simple mais riche en un vocabulaire d'une grande précision reflètent superbement le désarroi d'Oliva, la sagesse du père, le conformisme malsain de la mère, le venin des mauvaises langues du village……Une construction habile alterne dans les trois premières parties, passé et présent, l'apparence ou l'imaginaire avec la réalité, comme Oliva en narratrice, et dans la dernière et quatrième partie donne la parole aussi au père silencieux qui fait écho à sa fille. S'y ajoute un rythme réglé au métronome qui renforcé par un incident vers la fin de la deuxième partie, accentue l'ampleur de la tragédie. Ardone touche à des points importants. Rien de nouveau mais bon à se remémorer: c'est la femme en général qui éduque les enfants, fille ou garçon, et c'est à elle de faire l'effort nécessaire pour que le garçon respecte les filles et vice versa et encourager les filles pour leur indépendance / On ne peut contrôler la vie de ses propres enfants au nom de sauver les apparences et respecter les règles sociales souvent archaïques / « Aucune femme n'est fragile: est fragile uniquement qui est exposé à l'injustice »…..
Un roman poignant, superbement écrit, et à l'heure que le taux de féminicide augmente en Italie, un rappel à toutes les femmes qu'il faut savoir dire NON ! Une lecture que je conseille vivement, et dont la traduction je pense ne tardera pas vu le succès de son premier livre en France.

Commenter  J’apprécie          11715



Ont apprécié cette critique (94)voir plus




{* *}