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Critique de Sando


Oliva, en grandissant, garde encore un pied dans l'enfance. Elle aime donner des formes aux nuages avec son ami Saro, courir à toute allure dans les rues de son petit village sicilien, manger des gâteaux plein de crème, réciter ses déclinaisons latines comme un mantra, aller à la chasse aux escargots avec son père ou rêver des stars qu'elle trouve dans les magazines que lui refile en cachette son amie Liliana. Nourrie aux préceptes de droiture et de bonne conduite inculqués par sa mère, la jeune fille rêve d'une vie sans histoires et se conforme autant que possible à ce que l'on attend d'elle, sans pour autant se départir d'une certaine indépendance et d'un goût prononcé pour la liberté.
Mais avec l'adolescence, celle que l'on jugeait laide avec sa peau mate, ses petits yeux noirs comme des olives et ses cheveux bruns hirsutes, embellie et devient désirable, notamment aux yeux de Paterno, le petit caïd du coin… Peu soucieux de respecter le protocole, ce dernier lui mène une cour farouche et effrontée mais, face aux refus répétés de la jeune fille, seule la violence parviendra à faire plier le roseau…

A travers le récit de cette innocence volée parmi tant d'autres, Viola Ardone nous livre un épisode mémorable de l'histoire italienne: celui où, pour la première fois, une femme a osé refuser un “mariage réparateur”, quitte à rester une “femme déshonorée” aux yeux de la société. Allant contre cet héritage ancestral, transmis de mère en fille, selon lequel une femme ne vaut rien sans un mari, elle a osé réclamer justice et réparation au risque de se heurter à l'injustice d'une loi encore trop ancrée dans le passé et les traditions…

Malgré peut-être quelques longueurs, j'ai trouvé cette histoire absolument passionnante! Elle nous rappelle à quel point les acquis sociaux d'aujourd'hui sont le résultat de combats longs et acharnés qui ont nécessité bien du courage. Si nous sommes à l'heure des #metoo et de la parole des femmes qui se libère, les années 60 étaient encore bien loin de ces considérations… En cela, Viola Ardone nous offre un portrait saisissant d'une époque et d'une culture très marquées par les traditions et les superstitions.

Le récit est construit sur quatre époques et l'auteur prend le temps de développer ses personnages ainsi que le contexte dans lequel ils évoluent, ce qui nous permet de grandir et de nous heurter au monde en même temps qu'Oliva. On s'attache très vite à cette famille qui tente de se fondre dans le paysage mais s'avère plutôt avant-gardiste, laissant à sa fille la possibilité de faire des études (même si ça ne sert à rien pour une fille, bien entendu) et la soutenant corps et âme dans ses choix. En cela, la relation au père est assez formidable.

La plume de l'auteure, quant à elle, est très fluide et immersive avec ses mots truffés de dialecte et ses sentences qui peuvent sembler bien désuètes aujourd'hui. En somme, voilà un très bon roman qui se dévore, offre de beaux portraits de femmes et devrait en toucher plus d'un(e)!

Merci à Sandranae d'avoir précisé dans sa chronique que le personnage d'Oliva était probablement inspiré de Franca Viola car je serais complètement passée à côté des accents véridiques de l'histoire sans cette information!
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