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Critique de dannso


J'ai mis quelque temps à comprendre le sens exact de cette phrase qui ouvre ce livre et qui y sera répétée à plusieurs reprises :
« Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère »
Ce qui se cache derrière est terriblement choquant : Une jeune fille est violée par un homme : s'il l'épouse, le crime est absous. Il a ramassé la carafe cassée.
Où cela se passe-t-il donc ?
On est dans un pays reculé, où les lois n'ont pas évolué : Non, on est en Europe.
Alors rassurez-moi, cela se passait il y a longtemps : non c'était les années 1960 en Sicile, et la loi qui absolvait ces crimes en cas de mariage ne sera abolie qu'en 1984.

Un village de Sicile, années 1960. Oliva est née fille pour son plus grand regret. Elle aime étudier, mais ne doit pas rentrer seule de l'école. Comme elle le dit à sa maitresse un jour, lors d'une leçon de grammaire :
« La femme au singulier n'existe pas. Si elle est à la maison, elle est avec ses enfants, si elle sort c'est pour aller à l'église, au marché ou aux enterrements, où il y a toujours d'autres femmes. Et s'il n'y a pas de femmes pour la tenir à l'oeil, il faut qu'elle soit accompagnée par un homme ».
La vie des femmes dans ce village de Sicile est régie par un grand nombre de règles et celle qui y déroge est montrée du doigt, moquée, méprisée. Et les femmes sont là, à veiller au respect de ces règles. la bienveillance est bien absente dans cette société qui n'a pas évolué.

Oliva va grandir dans ce carcan. Elle aime courir, elle aime regarder les nuages avec son ami Saro, elle devra bientôt porter une jupe longue qui l'empêchera de courir, elle ne devra plus rester seule avec Saro. Elle devient une femme et le jour de ses seize ans, elle sera enlevée, séquestrée et violée par un jeune homme du village.
Et à ce jour se pose la question. Elle a le choix: épouser cet homme, effacer sa faute ainsi, ou porter plainte et devenir une réprouvée.

Un livre percutant, peuplé de personnages féminins qui me hantent depuis quelques jours, Oliva, bien sur, confrontée à un choix difficile, Liliana, la fille du communiste, qui sera toujours à ses cotés, et puis Amalia sa mère, déchirée entre ses principes et l'amour qu'elle porte à sa fille.C'est elle qui m'a le plus émue, quand au fil des pages, c'est cet amour maladroit qui va prendre le pas Elle va oser aussi, soutenir sa fille, ses filles, se mettre le village à dos et perdre sa meilleure cliente.
Mais il y a aussi le père, effacé, mais là aux moments importants, pour qui sa fille doit avoir le choix. Et le frère qui sera là aussi en soutien, même s'il n'approuve pas tout.

Une lecture qui reprend des thèmes souvent évoqués en littérature, mais qui est particulièrement émouvante parce que cette femme est si proche de moi, elle aurait pu être ma grande soeur. L'écriture reflète parfaitement les émotions, les sentiments éprouvés, les difficultés de cette jeune fille à vivre dans un temps et un lieu , tellement proches, où une femme au singulier n'existait pas.

C'est ma deuxième lecture de cette autrice italienne que je continuerai certainement à suivre.
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