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Critique de 5Arabella


Auteur à la réputation sulfureuse, connu pour ses satires mordantes (il s'est d'ailleurs surnommé "Le Fléau des princes »), ainsi que pour des écrits licencieux, il tourne en dérision la société de son temps. Ses oeuvres seront d'ailleurs mis à l'index après sa mort, et elles lui auront valu une tentative de meurtre. Il a écrit une tragédie et cinq comédies, dont la première, La cortigiana (La Courtisane) est peut-être la moins oubliée maintenant. Ecrite et représentée à Rome vers 1525, elle a connu un remaniement important au moment de sa publication, en 1534, en adoucissant quelque peu la charge satirique présente dans la première version. La version originale ne sera publiée qu'en 1970.

Il s'agit d'une pièce foisonnante, avec une double intrigue, dans laquelle viennent s'imbriquer des épisodes secondaires. Cette construction complexe et atypique a valu à la pièce le qualificatif « d'anti-comédie ». Nous suivons en parallèle les mésaventures d'un Siennois stupide, Maco, venu à Rome pour devenir cardinal, tourné en dérision et trompé par Maître André, un peintre, et celles du noble napolitain, Parabolano, guère plus perspicace, qui se laisse abuser par son serviteur Rosso, ce dernier lui faisant croire que la noble dame qu'il aime répond à sa flamme, lui substituant au moment décisif la femme d'un boulanger ivrogne. S'ajoutent à ces trames principales d'autres épisodes, comme les tromperies de Rosso, qui escroque successivement un pêcheur et un Juif. . L'ensemble, un peu confus au demeurant, brosse un tableau haut en couleur de la vie multiforme à Rome, autour de la cour pontifical, en évoquant à la fois la vie des courtisans, des gens fortunés, des serviteurs et parasites qui gravitent autour d'eux, et aussi un peu au second plan, des gens de condition plus modeste.

Au-delà de la charge comique et satirique, la pièce est aussi un manifeste esthétique. L'Arétin met en cause le respect rigide des règles de la poésie dramatique qui commencent à être théorisées, en particulier le respect de l'unité d'action. La pièce peut être comprise comme un pied de nez à la comédie régulière, et apparaître comme un manifeste anti-classique, revendiquant un baroque assumé. L'Arétin est également le défenseur d'une langue italienne certes fondée sur le toscan, mais naturelle, ouverte à un plurilinguisme régional ; les origines diverses des personnages de la pièce lui permettent d'intégrer des éléments langagiers disparates.

La pièce n'est pas facile à suivre, à cause du nombre d'intrigues et personnages, certains aspects satiriques, liés à un contexte qui n'est plus vraiment d'actualité ne sont pas toujours compréhensibles. C'est un étrange objet, fascinant et un peu impénétrable, oeuvre d'un auteur tranchant, aux partis pris affirmés.
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