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Critique de fuji


Grand Prix Elle 2019 Relecture de mars.

« En 2011, la sécheresse s'abat sur la Corne de l'Afrique, provoquant une famine qui tuera, selon les estimations, 260 000 personnes, pour la moitié des enfants en bas âge. La piraterie maritime est à son faîte au large des côtes somaliennes. Les affaires médiatisées du Ponant et du Carré d'As, dans lesquelles des Français ont été séquestrés sur leur voilier voguant dans les eaux territoriales somaliennes, ont déjà été jugées devant la cour d'assises de Paris. l'e golfe d'Aden est infesté de ces néo-pirates, qui prennent la mer avec leurs embarcations de fortune, lourdement armés, allant à l'abordage de tout type de navire, pour voler, piller et, si possible, capturer des otages susceptibles de rapporter une forte rançon. Les cerveaux et bénéficiaires de ces expéditions, qu'aucune enquête ne se donnera jamais les moyens d'identifier, sont bel et bien au sol, en sécurité. » 8 septembre 2011 : 9 pirates somaliens attaquent le catamaran d'un couple, le mari est abattu, la femme sauve. Lors de l'assaut de la marine espagnole, 2 des pirates sont tués, les 7 autres seront transférés en France pour une GAV de 96 heures. Elise Arfi « hérite » du N°7. Avocat commis d'office. X SD = X se disant Fahran Abchir Mohamoud, pas de papiers donc pas de preuve. On simplifie par XSD. Oui il est coupable. Jugé dans un pays dont il ne connaissait même pas l'existence. Imaginez un martien qui débarque sur notre planète et pour lequel nous ne lui fournirions aucun de nos codes. Au départ il y a le problème de la langue, un interprète lui est assigné mais c'est un pour combien de détenu ? Puis il y a aussi la nourriture, les postures, les attentes d'un minimum de comportement en société. Tout cela N°7 l'ignore, il ne sait pas qu'il doit se lever pour aller chercher son plateau repas, donc il ne mange pas. Comment peut-on imaginer tout ce qui n'est pas évident pour lui ? Il se dit mineur, les experts le déclarent majeur. Là ce n'est pas le lecteur, mais le citoyen que nous sommes qui glisse inexorablement dans un monde kafkaïen, et d'une inhumanité sordide. L'interprète soulève le problème de ces prisonniers : ils sont pauvres matériellement mais plus encore intellectuellement. Ce n'est pas les dénigrer, juste constater. Alors ? Cela doit-il conduire à ce diagnostic ; « Selon le psychiatre, Fahran est atteint de schizophrénie, en raison d'une décompensation causée, selon toute vraisemblance, par le choc carcéral. » le but est qu'il ne soit pas jugé seul, mais avec tous les autres, le travail s'engage : « Il va falloir stopper l'affect, bloquer tout mécanisme de chantage. La procédure est ce qu'elle est : je suis ton avocat. Je te l'explique. Restons-en là. » Pour l'avocat c'est 4 ans ½ d'un labyrinthe administratif-judiciaire. C'est long. Pour Fahran ces mêmes années sont exponentielles dans une non-vie. L'image des détenus nourris, logés, blanchis vole en mille morceaux : tout est payant et l'addition est encore plus lourde que les euros demandés. La seule question qui se pose à l'exposé des faits est : Comment peut-on laisser notre système faire d'un coupable une victime ? C'est là le noeud du problème car les jurés ne jugent plus la même personne. Quelle est la valeur du verdict ? Ce récit est celui d'un huis-clos kafkaïen tellement loin de ce que l'on peut imaginer, que le lecteur passe par toute la gamme de sentiments pour finir bouleversé par ce duo improbable, lui a la vie « sauve », elle ne sera plus la même c'est incontestable.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 24 février 2019.
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