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Critique de hanyrhauz


Alerte coup de griffes !
Je sais que mon avis sera minoritaire mais tant pis, ce livre m'a plongé dans une telle colère que j'ai besoin de l'écrire malgré tout.
Le récit du procès de Fahran, pirate somalien arrêté avec 6 autres compatriotes, pour le meurtre d'un navigateur français et la prise d'otage de son épouse, est pour moi le prétexte pour l'auteure à une charge contre la justice française. Avec une ironie froide, Elise Arfi pointe du doigts les magistrats et les policiers, sans aucune nuance. Et elle va même plus loin, pointant du doigt l'ensemble des fonctionnaires, trop zélés, bureaucratiques, sans aucune compassion. C'est avec ce genre de généralités que l'on en vient à décrédibiliser le service public et ses agents, en niant la réalité : le manque de moyen, les contraintes hiérarchiques, les heures qui s'enchaînent. Parce que, non, les fonctionnaires n'ont pas plus de vacances que les autres comme peut le penser son entourage.
La situation dans laquelle Fahran se trouve est révoltante, et bien évidemment la question des prisons en France est un immense problème. Tout comme celui des violences policière où de la prise en charge des non francophones. Mais en quoi un livre à charge comme celui-ci peut-il apporter un début de solution ? D'autant plus que le sous texte est violent : la justice française est raciste. Ce sont des blancs nantis face à des noirs pauvres. Les escortes qui touche un salaire bien plus faible qu'un avocat seront ravis de se voir traités de nantis, surtout en prenant en compte les heures supplémentaires non payées et non récupérées. Parce que c'est ça aussi la réalité de la fonction publique en France.
Je suis peut-être stupide mais je crois encore en la justice de mon pays, qui contrairement à beaucoup d'autres où les avocats mènent l'enquête, met le juge d'instruction au coeur du processus qui instruit à charge et à décharge.
Il y a un passage que je trouve aberrant. Ses collègues doivent la dissuader d'évoquer le fait que les victimes auraient agi de manière inconsidérée en naviguant au large de la Somalie. Elle le dit elle-même, on peut faire le rapprochement avec ce qu'on dit à une victime de viol : vous n'auriez pas dû vous promener avec une jupe aussi courte. Oui, c'est bien là le problème. On en oublierai presque dans cette version du procès qu'un homme a été tué puis jeté à la mer et que sa femme a été prise en otage...
Pour ce qui est de Fahran, j'ai l'impression que dans ce livre, il est dépossédé de son histoire, je n'entends pas sa voix. Il est caché derrière les effets de manche de son avocate qui veut faire de son parcours un symbole. Mais est-il consentant ? Est-il d'accord avec l'image qu'on donne de lui dans ce livre ?
En bref, le doigt d'honneur lancé par l'avocate à la chambre de l'instruction au début du livre, je l'ai pris pour moi. Je suis sûrement trop corporate, en plus d'être zélée, bureaucratique et sans compassion...
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