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Critique de Erik35


Erik35
01 décembre 2017
AU ROYAUME DES DIEUX, ON ADORE QUI ON VEUT !

Nous voilà donc reparti pour un tour dans cette aventure qui compte désormais neuf titres, l'avant dernier (ouf !) de cette "saison trois" regroupée sous le titre générique de Lanfeust Odyssey. Voici donc "Le stratège ingénu" à l'intitulé fort peu éclairant, comme souvent chez les Lanfeust, mais qui s'avérera une assez bonne surprise, en définitive.

Le précédent volume s'était achevé sur la débandade de l'armée de l'abominable déesse Lylth, de nouveau projetée à l'état de sale gosse prête à réaliser de nouvelles horrifiques exactions. Car qui gagne une bataille ne gagne pas forcément la guerre, et si la baronnie Or-Azur s'apprête à célébrer dignement (et goulûment) cette première vraie victoire sur le mal en offrant à tous ses habitants une "banclette" mémorable (un genre de raclette géante, quoi !), si notre cher Troll Hébus s'en réjouit inévitablement, il n'en va pas tout à fait de même pour Lanfeust - qui ne peut plus guère compter sur son pouvoir absolu, le Magohamoth n'étant pas franchement au meilleur de sa forme - et le reste de son entourage, lesquels et s'inquiètent déjà de ce que va bien pouvoir faire Lylth pour reprendre des forces et repartir à l'assaut de leur monde.

Malheureusement (enfin, heureusement pour le lecteur), cette diablesse n'aura pas à s'exiler bien loin pour reprendre la main. Usant d'un très habile subterfuge, qui permet, au passage, de donner un peu de sens au second volet de la série qui semblait, jusque-là, un peu gratuit voire inutile , Christophe Arleston va réintégrer les banshees battues dans ce précédent titre, la déesse intégrant la puissance de la Reine en sommeil à ses propres maléfices. Ainsi, à deux doigts de reprendre une méthode ayant fait ses preuves dans les albums précédents (aspirer l'énergie et l'esprit des enfants pour s'en nourrir), mais qui risquait de copieusement lasser et de s'avérer être une impasse, c'est avec classe et originalité que notre scénariste relance sa saga, et redonne un rythme un peu à la peine dans les précédents, à ce volume.

Dans un même ordre d'idée, Arleston et Tarquin vont se souvenir des Dieux du Darshan - a peu près parfaitement oubliés depuis la première série, et c'était bien dommage -, et de leur capacité à exister grâce à la foi que leur porte les fidèles, totalement indépendamment de notre malheureux et éthique (enfin, toute proportion gardée) Magohamoth. Voilà qui promet de remettre un peu de sel dans tout cet ensemble, d'autant que... Lanfeust va être confronté à une sorte d'autre lui-même, ou, pour être un peu plus exact, à une véritable caricature de ce qu'il est vraiment. Car, depuis sa première aventure, Lanfeust est devenu un véritable modèle, un Héros universel, au point qu'au Darshan on le prie comme un Dieu... Et qui dit qu'on croit en lui, dit qu'un Dieu "à son image" (Hum... c'est vite dit) a pris forme, et existe tout autant que le Lanfeust réel. Or, ce Dieu est très, mais alors très jaloux de ses prérogatives divines et il ne souhaite vraiment pas s'en laisser compter par ce jeune freluquet dont il craint, bien évidemment, qu'il puisse prendre sa place au Panthéon des Dieux Darshaniens.

Album truffé de trouvailles comme pas vues ni lues depuis bien longtemps, possiblement plus mâture que bien des précédents - bien entendu, Arleston ne peut s'empêcher de céder à l'appel du jeu de mot idiot, du calembour facile, de la référence évidente, et c'est aussi pour cela qu'on l'apprécie - mais, sans parler de gravité, cet album est plus posé, semble plus réfléchi, ce qui amène un peu (point trop n'en faut, tout de même) de profondeur à l'ensemble, un humour un peu moins potache mais un peu plus ironique, jusqu'à un semblant d'auto-parodie, ce qui va très bien à ce héros, et à son entourage, qui doivent bien prendre un peu de bouteille, au fil du temps, même si cela se voit peu dans le dessin de Didier Tarquin, classique de lui-même, mais toujours aussi truculent, vif, enthousiaste, bourré de petits détails décalés et drôle.

Pour cette fois, oui, nous voici bien réconcilié avec cette troisième saga dont on peinait à voir, hormis les blagounettes amusantes et le plaisir de ne pas quitter ces personnages trop vite, le réel intérêt tant cet ensemble était irrégulier, poussif, souvent vain. Encore un de ce calibre, et on pourra dire que Lanfeust a de sacrés beaux restes... Non, non, Hébus, du calme : on ne parle pas de manger !!!
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