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Critique de Valmyvoyou_lit


Le premier livre qui m'a fait aimer la littérature de terroir a été le pain noir de Georges-Emmanuel Clancier. Ce titre m'a menée à ceux de Marie-Paul Armand de qui j'ai lu tous les romans. Lorsque j'ai découvert que cette auteure était décédée en 2011, j'ai été triste de ne plus avoir le plaisir de la lire. Aussi, lorsque j'ai appris que les Éditions Presses de la Cité publiaient un roman posthume inachevé, je me suis réjouie. Cependant, j'ai eu un peu peur de ressentir une frustration, qu'il se termine abruptement. Si vous avez la même inquiétude que j'avais, rassurez-vous, il n'en est rien.


Marianne était très jeune quand elle a compris qu'être née fille ne lui donnait pas les mêmes chances que les garçons. Elle était très blessée par le désintérêt de son père, au sujet de ses résultats scolaires : « À quoi ça lui servira ? (…) Elle n'est qu'une fille. » (p. 40) Secrètement, elle espère toujours qu'il lui exprime de la considération. Mais il ne s'intéresse qu'à son fils, son héritier. Kléber est le maître-brasseur du village. Depuis la Révolution française, les hommes ont pris la succession de leur père. En 1919, lorsqu'il est revenu de la guerre, le père de Marianne a dû rebâtir l'entreprise familiale. Marianne est très proche de sa cousine, Élodie, qui a un an de plus qu'elle. Les parents de celle-ci tiennent le café du village. La Fille du maître brasseur décrit l'enfance et l'adolescence de Marianne. le manuscrit s'arrête en 1939, alors que la guerre est déclarée. L'héroïne a 13 ans et elle vient de vivre un grand malheur.


J'ai été très touchée par cette petite fille qui se sent rejetée en raison de sa condition féminine. Malgré cette douleur, elle est très attachée à sa famille. Ce roman décrit son quotidien dans une famille respectée et connue. Il dépeint l'art de la bière, si chère à ma région natale, le Nord. Il relate les avancées techniques, comme la voiture, mais aussi les traditions, comme les guérisseuses. Il nous plonge dans la vie d'une famille, en rappelant les tâches attribuées aux femmes. Il montre la réaction d'une enfant, née après la Première Guerre, qui entend que les Allemands reviennent. Les détails de la vie d'antan sont la force de ce roman : place de la femme, connaissances sur les maladies, approche de la puberté, mode de vie, etc. La perception est celle d'une fillette qui grandit à la fin des années 1930 et moitié des années 1940, avec les préoccupations de son époque.


L'ouvrage, préfacé par Line Renaud, comporte un prologue rédigé par Isabelle Armand. La fille de l'auteure cite les ouvrages publiés de sa maman, en les insérant dans la vie de cette dernière. J'ai ressenti beaucoup d'émotion au souvenir de mes anciennes lectures. Dans l'épilogue, elle précise dans quel contexte, Marie-Paul Armand avait écrit La Fille du maître brasseur. Elle nous offre, également, des passages que l'écrivaine avait écrits, mais pas encore intégrés au récit. Aussi, nous savons le destin qu'elle avait imaginé pour ses personnages. Ces bouts de texte permettent de conclure l'histoire. J'ai été très touchée par cette immersion dans le travail d'écriture. En publiant ce roman inédit, les Éditions Presses de la Cité, ainsi que la famille de l'auteure, font un très beau cadeau aux lecteurs de Marie-Paul Armand. J'ai adoré.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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