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Critique de Ogrimoire


Dès le début du livre, dès le premier chapitre, dès les premiers mots, on est plongé dans une sombre intrigue. Lily, qui observe les fenêtres d'un appartement, voit une femme qu'elle n'a encore jamais vue, qui semble avoir des bleus et des brûlures. Puis des mains l'attrapent et l'entraînent dans l'ombre.

Le rythme est syncopé, haché. Les phrases sont brèves, parfois sans liens entre elles. Chaque chapitre a un titre mystérieux, en général en mode « J- quelque chose ». Pas toujours chronologique. Et, surtout, sans que l'on sache vraiment – y compris à la fin – à quoi ce décompte correspond réellement.

Ce qui, dans le premier chapitre, semblait devoir poser un décor, une ambiance – haletante – devient une sorte de gimmick répétitif, et, pour moi, assez désagréable – comme de la musique répétitive, au rythme saccadé et obsessionnel.

Un premier rebondissement se produit à peu près à la moitié du livre. À partir de ce moment là, le style évolue, et l'histoire aussi. On a presque l'impression de lire un autre livre. Paradoxalement, c'est au moment où l'histoire s'accélère que le style devient moins syncopé – et plus agréable.

Tout le livre est rédigé comme le journal intime de Lily, dans lequel elle s'adresse visiblement, en la tutoyant, à une personne précise. Laquelle personne finit par apparaître dans le livre, dans la deuxième partie, mais sans intervenir réellement, ou à peine. du coup, on est toujours dans la tête de Lily, qui semble ne s'occuper, finalement, que d'elle-même, de ses perceptions, de sa propre volonté, sans laisser réellement de place aux autres acteurs de l'histoire.

Il y a aussi, de la part de l'auteur, une ambition forte. À plusieurs reprises, il tente de rendre compte de situations purement psychologiques. Et l'on sait à quel point il est difficile de rendre compte du « paysage intérieur » d'une personne. Les métaphores ne peuvent pas parler à tous les lecteurs de façon uniforme. Par définition, nous avons, chacun, notre propre façon de « visualiser », de « représenter » le monde qui nous entoure. du coup, cela a contribué, pour moi, à amplifier une sensation d'artificialité.

Ce livre me laisse une impression mitigée. Il y a, de mon point de vue, deux très bonnes idées : celle d'appliquer une démarche ornithologique à nos voisins – après tout, il arrive que ce soient de drôles d'oiseaux, et qu'ils appartiennent à des espèces bizarres -, et celle d'un thriller construit autour des enjeux liés à la rénovation d'un quartier, avec tous les enjeux financiers qui vont avec – ce qui constituerait un cadre tout à fait adapté pour des meurtres et un thriller -. Mais ici ces deux idées sont survolées, et superposées, mais, pour moi, l'émulsion ne s'est pas produite. Ce qui est d'autant plus désagréable qu'il n'y a aucun doute : il y avait matière à faire quelque chose d'époustouflant.

Bref, j'ai observé Lily en train de se débattre dans les mailles du filet, comme un entomologiste – pour filer la métaphore -, mais sans entrer plus que cela dans le jeu…
Lien : https://wordpress.com/post/o..
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