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Critique de Wyoming


Une première de couverture éblouissante, un titre magnifique, deux accroches irrésistibles pour pénétrer dans ce beau roman et se laisser envahir par la poésie, la mélancolie, la nostalgie, l'amour de la terre et des bêtes qui en émanent. Et tout cet ensemble au coeur des montagnes ariégeoises, sans doute pas les plus prestigieuses des Pyrénées mais qui portent, comme tant d'autres, toute cette féerie de la montagne et de ceux qui la parcourent, ici bergers et brebis, ours et loups, randonneurs, ailleurs alpinistes conquérants de l'inutile.

Trois personnages bien différents structurent parfaitement cette histoire.

D'abord, le berger, Gaspard, en proie aux doutes permanents devant son avenir, qu'il s'agisse du court terme de l'estive annuelle, ou du plus long terme incertain. Gaspard est très bien dépeint par Clara Arnaud, elle extrait de sa personnalité tout ce qui en fait un véritable homme de la nature, aimant passionnément ses bêtes, prévenant leurs souffrances, les abrégeant si nécessaire en une douleur partagée, aimant aussi sa famille et l'humain en général même lorsque ceui-ci peut l'irriter, l'assaillir, lui faire entrevoir le mal qu'il veut nier à tout prix.

Ensuite, Alma, fille beaucoup plus complexe que Gaspard, elle étudie le mode de vie de l'ours, veut concilier sa présence avec l'activité des bergers et la protection des brebis. Elle est une résistante, peut-être le plus beau trait de sa personnalité, capable de dire non, de n'en faire qu'à sa tête, au prix des souffrances de son corps et de son âme.

Enfin, Jules, moins présent dans le roman, son histoire qui se déroule à la fin du XIXe siècle, alternant avec celles de Gaspard et Alma. Il a soif de conquête, Jules, de célébrité, d'une autre vie au-delà de l'océan et pour cela, à cette époque, pourquoi ne pas devenir un montreur d'ours?

Tout l'ensemble donne un roman prenant malgré quelques longueurs supportables, avec surtout des descriptions élaborées de la montagne, des ours, peut-être un peu trop vus sous l'aspect scientifique. Clara Arnaud traduit également très bien les méfiances diverses des humains, de ces lieux reculés d'Ariège qui ne connaissent pas la fibre, elle dresse des tableaux très réalistes des différents protagonistes imaginés dans son roman.

Un bémol pour moi : le fait qu'elle ait choisi de modifier le nom des lieux, le pic Montcalm devenant le mont Calme, Les Trois Rois transformés en Trois Reines et le lac de Bethmale affublé d'un autre nom proche dans sa sonorité.

Enfin, l'approche de l'ours reste très romancée bien que correctement documentée. Pour lire de la belle littérature sur les ours, il faut aller vers Doug Peacock et les grizzlies des Rocheuses et on va bien sûr parvenir bien au-delà de ces vents fous qui ont quand même forgé un très beau roman de montagne et d'humanité.
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