Doug & Andrea Peacock sur le grizzly, sa présence, son point de vue...
C’est une si belle journée pour se sentir vivant. De toutes mes marches, celle-ci résonne comme jamais en harmonie avec ma vie : la sauvagerie et la solitude, une expérience originale et farouchement ancrée dans la terre, un endroit à cent mille lieues de la moindre idée de loisir – un endroit parfois si sauvage et si rude qu’il rappelle l’épreuve du combat sans les relents fétides et insupportables de la peur humaine. Ici reste intacte la plénitude inexorable du cycle de la vie, qui gravite vers la tombe.
Préface de William Kittredge citant Doug Peacock:
Nous ne pouvons pas, disait-il, supprimer tout ce qui nous menace, défolier toutes les jungles ou tuer tous les animaux qui pourraient venir hanter nos nuits.
Nous avons commencé par être des animaux et nous ne cesserons jamais de l'être; et lorsque nous détruisons le monde naturel, c'est nous que nous tuons. En tant qu'espèce nous devons apprendre l'humilité et tenir compte de cette part de nous même qui est animale. Notre salut ne viendra pas de la technologie.
Une chose au moins est évidente : c'est au moment même où nous comprenons notre besoin absolu de la beauté sauvage du monde que nous la perdons. Et ce sont nos enfants qui paieront.
(in Préface de Doug Peacock de ''Désert solitaire'' d'Edward Abbey)
On est toujours tenté de voir dans sa propre survie un signe clair de la faveur des dieux.
J'étais comme toujours armé jusqu'aux dents; j'avais avec moi un Derringer 22 Magnum que j'avais obtenu illicitement, deux autres revolvers semi-automatiques Ruger: un 44 Magnum et un 357 Magnum, plus un fusil 30.06 à culasse mobile et un fusil de chasse Ithaca Lefever de calibre 12, à deux canons. J'avais également des armes plus rudimentaires à côté de ma trousse médicale dans laquelle j'avais mis du sérum et tout un assortiment de médicaments d'urgence injectables. j'ai décidé d'y aller mollo sur l'alcool et les amphétamines. je ne voulais pas avoir d'ennuis; du moins pour le moment.
« De mon point de vue, peut-être un peu tordu, sauvegarder les ours était une idée révolutionnaire : une tentative pour empêcher notre monde de devenir complètement dingue. » (p. 124)
J’avais la nature en héritage.
Ceux qui redoutent le plus la mort sont ceux qui aiment le moins la vie. La mort est la critique ultime de chaque homme. Il faut avoir vécu courageusement pour bien mourir.
J’admettais mal l’idée que mon comportement échappait à tout contrôle, mais je ne pouvais nier les conséquences sérieuses qu’il avait eues sur mon existence.
La ville connaissait une expansion croissante, couvrant la vallée et débordant jusqu'au contreforts des montagnes avoisinantes, comme une énorme bouse de vache tombée du ciel; et le désert qui avait été mon chez-moi disparaissait progressivement sous les coups de pelle des bulldozers D-7.