AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


Le livre d'Esther, dont la lecture communautaire et la fête tombent cette année 2018 le premier mars, raconte dans la Bible la seconde tentative de génocide à laquelle échappa le peuple juif (la première était le massacre des premiers-nés par le Pharaon d'Egypte, dans l'Exode). le lecteur curieux d'en savoir plus sur ce récit et la façon de le comprendre aura recours aux services de cette collection Artscroll, qui s'efforce de donner dans des langues accessibles le meilleur du commentaire juif traditionnel élaboré au cours des siècles. Il existe d'ailleurs une traduction française de ce livre (et d'autres) pour ceux que l'anglais rebute.

Pourquoi relire cette vieille histoire, et pourquoi les communautés religieuses la ressassent-elles année après année ? On remarquera d'abord que le judaïsme religieux ne rabâche pas du tout le dernier génocide en date, qui fut en partie réussi, hélas, mais celui qui, en Perse, fut évité de justesse grâce à Esther, à Mardochée et à Dieu. le ressassement des Juifs religieux concerne le danger écarté, la vie triomphante, non la mort : les commémorations de la Shoah, on l'aura noté, rassemblent plutôt des gens éloignés de la pratique religieuse. Ceux pour qui la tradition est une chose vivante sont par culture et éducation indéfectiblement attachés à la vie, non au martyre. Ils ne sont pas chrétiens. C'est ce qu'essayait de faire comprendre (en vain) le Rabbi de Loubavitch à Elie Wiesel : il faut vivre, et même, faute de mieux, il faut survivre, à tout prix. Les morts martyrs sont saints, cela va de soi, mais il incombe aux vivants de devenir saints à leur tour par les actes de leur vie.

C'est peut-être pour cela que le livre biblique d'Esther est le seul à ne pas mentionner une seule fois le Nom divin : Dieu est bien entendu "aux affaires", mais en cachette des hommes, qui doivent se débrouiller (ainsi parle Mardochée à Esther affolée). Et ce plus terrestre des livres de la Bible est aussi le premier qui, se déroulant après la destruction du Temple de Salomon, n'appelle plus le peuple "les Hébreux" ou "(les fils de) Jacob", ou autres, mais "les Juifs". C'est le début de l'histoire juive : sans Temple, sans Dieu manifeste, sans prophètes, et sans les Dix Tribus disparues. Les "temps modernes" commencent.
Commenter  J’apprécie          110



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}