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Critique de Mioon


Le temps des réconciliations arrivent, Ayukawa et Tsugumi se retrouvent enfin et peuvent profiter d'une balade nocturne et romantique.

Déjà, l'une des premières scènes m'a de suite amusée : Ayukawa à la librairie. Ça peut sans doute paraître très anodins, mais je suis moi-même une grosse lectrice adepte des libraires et autres bouquineries d'occasion. Enfin, je l'étais... parce que ce genre de commerce n'est pratiquement jamais accessibles aux PMR ! Afin de pouvoir présenter le plus d'ouvrages possibles, les rayonnages des étagères s'élèvent trop haut pour quelqu'un en fauteuil, et les nombreuses tables rajoutées pour présenter les nouveautés et autres coups de coeur viennent totalement obstruer le passage. Je ne sais pas si le Japon a des normes d'accessibilités meilleures qu'en France (ou en tout cas qui soient respectées, parce qu'en France, elles existent mais tout le monde s'en fout), mais cette scène m'a quand même fait un pincement au coeur. Ne nous mentons pas, si un handi veut s'acheter des bouquins, c'est dans un Cultura ou une Fnac qu'il va devoir se rendre, parce qu'il n'y a pratiquement que ces grosses enseignes qui respectent les normes d'accessibilités (de même que si tous les McDo et compagnie sont accessibles PMR, dans les WC y compris, je vous garantie que les restos traditionnels sont des galères sans nom !)

Bref, cette anecdote mise à part, le couple profite d'une longue nuit tranquille, avant que Tusgumi ne rentre à Mastumoto. Koré-Eda lache la partie pour de bon cette fois-ci, en tout cas je l'espère pour lui. Encore une fois, je ne sais pas si ce personnage correspond à un cliché classique dans la romance, mais je trouve sa pseudo-relation avec Tsugumi terriblement malsaine : elle n'est pas amoureuse de lui, elle se sert de lui. Et lui, il s'écrase et rampe à terre pour lui plaire, alors qu'il sait très bien que c'est sans espoir.

Lorsque l'aide-soignante apprend que les deux tourtereaux sont de nouveau en couple, c'est l'occasion d'un flash-back sur le temps passé en rééducation, et pour moi c'est toujours le même malaise, le même red flag. Les médecins le disent eux-mêmes : ils forcent les patients. C'est du paternalisme médical, c'est de la violence, c'est juste dégueulasse. Un handicapé mérite le même respect qu'un valide, et personne n'irait immobiliser un valide souffrait d'une maladie passagère (comme un rhume ou une gastro) pour lui coller de force un cachet dans le fond de la gorge. Si un handi décide de ne pas se soigner voire de se laisser mourir, c'est SA décision, et elle mérite le respect. Aucun handi/malade ne devrait jamais être forcé à quoi que ce soit pour faire plaisir aux autres.

L'idée de la danse est sympa par contre ! Par contre, les trois parties (choc -traitement - rétablissement) c'est vraiment simplifié. On estime plutôt que ce sont les sept étapes du deuil qui s'appliquent. Parce que oui, être malade ou handi, c'est faire le deuil de sa propre vie, de son propre corps. L'idée du spectacle pour donner une image à la rééducation est donc intéressante mais un peu simpliste à mon goût.

S'ensuit ensuite une nouvelle aggravation de la santé de Ayukawa qui n'est pas drama elle non plus : les personnes handi/malades sont souvent beaucoup plus fragiles que les valides, c'est une réalité. D'ailleurs, je ne pensais pas que la mangaka oserait expliquer qu'un escarre, c'est une plaie tellement profonde qu'elle laisse l'os à nu, il faut bien avouer que c'est peu ragoutant, mais là encore elle ose, et c'est très bien !

Au final, la décision de Ayukawa et Tsugumi de se remettre ensemble gênent inévitablement les gens. J'ai d'ailleurs trouvé ça intéressant que ce soit le père de Tsugumi (atteint d'un cancer, diminué, fatigué et en fauteuil) qui soit le plus virulent. Les gens pensent souvent que les handi/malades forment une belle et grande communauté faite d'amour, alors qu'il n'en est rien. Être handi ne détermine pas le caractère d'une personne. Une personne intolérante reste intolérante même si elle est en fauteuil. Donc je trouve ça bien que ce préjugé soit démonté.

Vivement la suite !
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