- Si vous avez des problèmes à Voechenka, personne ne viendra à votre secours. Mes ordres sont clairs : attendre trois semaines, puis vous déclarer morts. On se chargera de prévenir vos familles.
(Rees à Balfruss et Tammy).
Pensant à ce qui menaçait l'Abri, Alyssa eut des larmes aux yeux et ne tenta pas de les contenir. S'allonger sur le sable et attendre d'être noyée par la marée aurait été si facile... Après un si long combat, tout semblait inutile. Qui pouvait combattre l'océan ? Et les Réprouvés avaient tout d'un raz-de-marée.
— Les changements ne se produisent pas en un clin d’œil, dit Nethun. Un grand bateau ne modifie pas rapidement son cap, et les mortels non plus. Le jour, ils pleureront leurs morts et prétendront avoir tourné la page, mais la nuit, ils remâcheront leur rancune et ourdiront des plans pour se venger. Les plaies de la guerre resteront longtemps à vif.
— J’ai peur que tu aies raison, avoua Vargus. Avant de s’améliorer, les choses s’aggraveront beaucoup.
— Des torrents de sang couleront, approuva Nethun, mais ça ne durera pas toujours.
Chaque bataille, chaque échec, chaque triomphe… Tout ce qu’il avait vécu et appris le menait à ce dernier combat.
L’ultime épreuve. Et il était prêt.
Tammy ne croyait pas au Créateur et à la Mère Bénie. Tout ce qu’elle avait réussi, elle le devait à sa détermination et à sa persévérance. Personne à remercier pour ses succès… et nul à accuser de ses échecs. Elle avait toujours vu les choses ainsi, ce n’était pas pour se renier maintenant.
Ici, la foi ne la sauverait pas, mais l'acier pouvait faire toute la différence.
Tout être avait ses limites...
Le fait d’armes était admirable, mais ils s’en fichaient. Rien de ce qu’elle ferait ne trouverait jamais grâce à leurs yeux. Inlassable, elle continuait à essayer. Alors qu’elle se proclamait athée, elle persistait avec une foi inébranlable. Un étrange paradoxe…
Une douzaine de personnes, si saintes soient-elles, ne changeraient pas la donne. Et dans cette cité maudite, on n’obtenait jamais rien sans contrepartie. Et quand quoi que ce soit semblait trop beau pour être vrai, ça n’était jamais une impression.
Son beau-frère, il le savait, ne le jugeait pas digne de sa sœur. L’autre prince, Hyram, partageait cette opinion. Mais aucun homme n’aurait fait l’affaire à leurs yeux. Le jour du mariage, qui aurait dû être un moment de joie, ils n’en avaient pas fait mystère, chacun le menaçant plusieurs fois de mille morts s’il osait faire du mal à la reine.
Apprendre que sa dépouille serait enfouie là où nul ne la trouverait, s’il se comportait mal, avait quelque peu gâché la fête pour Bowyn. Par souci de préserver la paix, il n’en avait pas parlé à sa femme – parfaitement capable de se défendre, elle aurait été folle de rage contre ses frères.