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Critique de Orphea


Profondément misogyne, la mythologie grecque regorge d'histoires sordides dont les victimes sont très majoritairement des femmes : viols, parfois incestueux, meurtres, abus mutilples et variés, injustices manifestes ou plus sournoises.
Les mortelles, les créatures semi-divines, les immortelles, aucune catégorie n'est épargnée.

Rappelez-vous Hélène qui fut enlevée et amenée de force à Troie.
Rappelez-vous Briseis, disputée comme un trophée de guerre entre Achille et Agamemnon.
Rappelez-vous Méduse, violée dans un temple d'Athéna et transformée en Gorgone par celle-ci pour la punir d'avoir profané son temple.
Rappelez-vous Cassandre.
Rappelez-vous Europe.
Rappelez-vous Pandore.
Rappelez-vous Danaé, Léda, Thétis.
Rappelez-vous Ariane, Perséphone, Arachné, Andromede, Médée, Jocaste, Callisto, Egine, Alcmène et toutes les Danaides.

Melchior Ascaride a choisi de reprendre le mythe d'Orphée et Eurydice (notez qu'on le cite toujours en premier, en supposant qu'on nomme la deuxième).
Et si Orphée avait délibérément tourné la tête pour condamner son épouse aux Enfers, qu'au final il n'aimait pas tant que ça, à rester aux Enfers, sa catabase n'étant qu'un prétexte pour en tirer une chanson, qui resterait dans les annales divines et historiques, comme l'histoire d'amour la plus tragique jamais chantée de mémoire d'aède.
C'était intéressant mais pas si convaincant que cela.
Eurydice est en colère et elle soupçonne Orphée de l'avoir abandonnée. Elle soupçonne un mec d'être une ordure finie et comme c'est un homme c'est forcément vrai... Elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'à maintenant mais c'était un manipulateur narcissique... Pour moi, ça ne sonne pas juste. Ce qui devrait être présentée comme une saine colère devient le délire d'une folle, furieuse d'être abandonnée. Je ne pense pas que c'était l'idée poursuivie par l'auteur.
Le problème est qu'on ne connaît pas du tout Orphée.
Et non ! je ne me place pas du côté des femmes, inconditionnellement, par sororité, juste parce que l'homme est présumé coupable jusqu'à preuve du contraire. Et si vous avez un minimum d'esprit critique, vous aussi vous suspendez toujours votre jugement en attendant de connaître les autres protagonistes et leurs versions.
Tout ça pour vous expliquer pourquoi j'ai été mal à l'aise avec ce personnage d'Eurydice et ses revendications vengeresses. C'est bancal, et comme l'histoire repose entièrement là-dessus, j'ai dû apprendre à faire l'équilibriste : me dire que je ne comprenais peut-être pas le message, que je le comprenais sans doute de travers ou bien que ce n'était pas grave si je n'y adhérais pas complètement.

Après, il y a des tas de choses que j'ai aimé dans ce livre, à commencer par l'écriture très riche de l'auteur.


J'aime autant vous prévenir que si vous n'êtes pas familier avec la mythologie grecque, ce récit peut vous apparaître comme particulièrement difficile à appréhender.
Si vous aimez les styles d'écriture dépouillés, simples et sobres, peut-être que ce texte vous paraîtra inutilement ampoulé.
Si vous êtes tenté malgré cela, sachez que c'est un roman graphique, que ça vaut le coup d'oeil. En plus, c'est court. Se faire sa propre opinion au lieu d'écouter la mienne...

Bisous mes petits choux.

Lecture effectuée en préparation des Ukronies du Val 2023







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