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Critique de tomlarret


En guise de préambule, je fredonnerais bien un petit « Quid agatur in taberna ? si quid loquar, audiatur», qui, non content d'avoir une signification pertinente dans le contexte (mange-toi ça, canaillou), plongera mon adjudant-chef dans des abysses de perplexité tout en rendant un hommage des plus sincères aux plumes gaillardes et virevoltantes des six auteurs de ce recueil de nouvelles fantasy. Faites péter la Gulden Draak et Carmina Burana, rendez-vous « À la croisée des blondes » !

Vous l'aurez compris, on est pas là pour engloutir des pintes amères et poisseuses de fantasy noire, des débordements mousseux d'épique, des shooters d'héroique ou de la médiévale huit-cent ans d'âge, ici on vous servira de la fantasy qui pétille et qui revigore, qui fait briller les yeux et qui éraille les cordes vocales, avec pour vocation tonitruante « d'[user] l'esprit et [vider] les bars ». Que celles et ceux d'entre vous à l'esprit délicat comme une larme de soleil perlant au coeur d'une goutte de rosée sur un pétale de pivoine dans l'aurore tremblante d'un frêle printemps passent leur chemin. Dans ce recueil la langue est verte, vivace et vigoureuse, et vadrouille à fond de train sur tous les terrains sans s'enliser dans les marécages paresseux de la bienséance pusillanime actuelle.
Et ça fait du bien, nom d'une truite.

Le format de l'ouvrage comme les structures internes de chaque nouvelle servent à merveille cette dynamique fringante, et livrent un ensemble tapageur et turbulent de péripéties tourbillonnantes, sans le moindre temps ni mort ni morne. du moindre recoin des six tavernes que j'ai visitées, ça défouraille, ça beugle, ça bondit et se tirebouchonne, avec au fond de chaque pinte le trait distinctif de chacune des six plumes réunies dans le recueil. Mais, pour tout tonitruant et déjanté qu'il soit, il ne manque ni de cohérence, ni de fluidité, et il s'engloutit à plein gosier sans faire tousser ni piquer les yeux.

D'un comptoir à l'autre, on croise les bonnes vieilles tête familières du genre, teint d'épinard ou oreilles pointues, barbes hirsutes ou muscles huilés, crocs saillants ou capes au vent, sans compter les innombrables références et clins d'oeil qui se faufilent entre les tabourets, autant de repères rassurants pour le lecteur. Sont aussi invités les affiliés particuliers au bestiaire de chaque auteur et les topiques de leurs univers, formant au fil des pages une fiesta bigarrée sous l'égide matoise d'un barman vagabond.

À grands coups de jeux de mots, de séquences absurdes, de twists retors et de dialogues en verve, les cadres et les clichés vacillent, ploient et éclatent sous les applaudissements frénétiques des accoudés au comptoir. de chaque récit, de chaque rencontre, de chaque souvenir fuse un long délire bouillonnant de créativité, garanti sans gueule de bois. Personnellement, je me visse sur l'un des tabourets, je reprends une margouse, et je vocifère derrière William Ward, V.S Nobiu, Gabriel Ashes, Brett Hephaeus, Stéphane Torre et Sébastien Moulin :  «Qui nos rodunt confundantur et cum iustis non scribantur ! »


1: Que se passe-t-il dans la taverne ? Écoutez mon récit. (In taberna quando summus - Codex Buranus « Carmina Burana » et oui, je suis une quiche en version latine).


2: Maudits soient qui nous dézinguent, et qu'ils soient oubliés du livre des justes ( (In taberna quando summus - Codex Buranus « Carmina Burana » et non, je n'ai toujours pas progressé en version latine).
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