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Critique de LeLecteurAugmente


La voie martienne est un recueil de quatre textes, quatre nouvelles, publié une première fois en 1955 aux Etats-Unis et parues en France à la fin des années 1970. Et euh… La quatrième de couverture n'est pas très fidèle au contenu, donc j'espère que vous comptez sur mon sens du résumé pour savoir de quoi il s'agit !

La nouvelle éponyme La voie martienne se déroule dans un futur où la Lune, Vénus et Mars ont été colonisées et où les vaisseaux spatiaux se déplacent en projetant des millions de tonnes d'eau. Ce n'est pas trop pour plaire à la Terre, et notamment Hilder, un tribun qui défend un discours sur le gaspillage d'eau causé par les voyages spatiaux, scandaleux en pleine période de sécheresse. Problème : son discours, ultra-populiste, ne se base sur aucune rigueur scientifique et s'assoit sur le fait que lesdits voyages ne pompent qu'une toute partie de l'eau présente sur Terre. Mais les Terriens ne se préoccupent que de la quantité nécessaire à faire décoller un vaisseau, et ils trouvent ça monstrueux.
Les vaisseaux ont besoin d'embarquer quelques réservoirs d'eau pour leur trajet, et les délaissent dans le vide spatial quand ils sont vides. Des Martiens, les Récupérateurs, partent récupérer ces réservoirs dont ils tirent profit. le fait est que ce métier n'est pas très bien perçu par la population et qu'il engendre une consommation d'eau importante, ce qui n'est pas pour plaire à Hilder, qui menace finalement de ne plus approvisionner Vénus, Mars et la Lune. Un Récupérateur et un ingénieur ont alors une idée : ramener sur Mars un bloc de glace issu d'un des anneaux de Saturne, ce qui leur vaudra une indépendance vis-à-vis de la Terre et une profonde reconnaissance de la part des Martiens.
Je dois admettre que passer d'un roman hard science à un science-fiction plus onirique comme celle-ci est un peu dur. Pourtant, la Voie martienne pose sur le papier beaucoup de questions importantes, telles que la dépendance ou non des planètes et des lunes qui seront colonisées par la Terre en matières premières, informations, divertissements, et la débrouillardise qui sera de mise si jamais il est question d'indépendance entre les différents astres.

Ah ! Jeunesse… est une nouvelle dont la fin a de quoi retourner le cerveau. Un astronome et un industriel attendent d'un instant à l'autre l'arrivée d'un équipage qui ne vient pas. Moustique et Carotte, leurs fils respectifs, capturent deux animaux qui leur sont inconnus. Quant à l'équipage, il est bien arrivé, mais de manière peu conventionnelle : n'ont survécu qu'un explorateur et un marchand. Je ne peux pas en dire davantage, car j'en viendrai à dévoiler plein d'informations concernant la nouvelle. Elle a des allures de métaphore, puisque l'humanisme et le pacifisme sont les thèmes les plus abordés. Vous ne pouvez pas être frustrés plus que moi, vraiment ! Il faudrait que vous la lisiez.

Les profondeurs débute sur une planète inconnue orbitant autour d'une étoile mourante. Les habitants sont contraints de vivre dans la Caverne et de puiser les ressources de la planète, elles aussi en déclin. Un jour, les astronomes remarquent la Terre, et y voient le salut de leur avenir. Il est décidé d'y envoyer l'esprit de Roi, qui se retrouve dans la peau d'un nouveau-né, sur Terre ! de là, il va être confronté à la psychologie terrienne qu'il trouve horrible, révulsante ; l'atmosphère de la planète lui paraît également trop violente, du fait de nombreux orages, pluies, vents violents. Son rapport, une fois revenu sur sa planète, n'en est que très pessimiste. La conclusion de son peuple est de vivre dans les profondeurs de la Terre, pour éviter tout contact avec les humains.
Difficile de ne pas voir un texte antiraciste, prônant la tolérance ! le peuple de Roi se croit intouchable, appliquant sur une autre civilisation sa propre grille de valeurs, invalide. C'est une situation que l'on trouve dans bon nombre de domaines, qu'ils soient politiques, artistiques ou tout simplement sociaux.

Enfin, la plus longue nouvelle du recueil, L'Attrape-nigaud, est une enquête scientifique. Sur la planète Troie, mille colons sont morts dans des circonstances étranges. Une équipe est dépêchée sur place, d'autant plus que ce génocide n'est connu que de quelques personnes. Alors avant qu'une seconde vague de colons n'arrivent sur la planète, il convient de faire la lumière sur cette drôle d'histoire. Parmi les enquêteurs, il y a Mark, un autiste à la mémoire prodigieuse, désagréable au possible, qui n'aime pas spécialement ses collègues, pas assez performants intellectuellement selon lui.
Assez comique par ses situations, cette nouvelle peut aussi être considérée comme une métaphore de la tolérance, cette fois-ci intellectuelle, d'autrui. A l'heure où beaucoup estiment que lire rend plus intelligent (faux : ça cultive, ça divertit, c'est tout), L'Attrape-nigaud a une résonance toute particulière. C'est la nouvelle la plus longue du recueil, mais elle figure parmi mes préférées avec La voie martienne. Vous me direz, il n'y a pas beaucoup de choix.

C'est une première rencontre avec Asimov que je fais sur ce blog, et évidemment qu'elle ne dit pas grand chose de l'auteur, si ce n'est sa volonté de replacer une humanité, plus qu'un humanisme, au centre de tout. Il n'y a aucune morale, ses textes ont plusieurs niveaux de lecture et incitent à réfléchir, un peu, sur notre condition. « Partir, c'est mourir un peu », dit-on. A moi, maintenant, de faire mon philosophe du dimanche : « Partir, c'est se retrouver ». Ok. On dirait une phrase prononcée par ces « citoyens du monde » qui vont à l'autre bout de la planète faire « de l'huma » auprès de ces gens qui « n'ont rien mais donnent tout, tu vois ». Ce que je veux dire, c'est que la science-fiction, au-delà de nous faire rêver, est aussi un outil formidable pour questionner l'humanité. Et un recueil comme La voie martienne est un bon exemple. Bon, cela dit je ne me suis pas autant éclaté à le lire comme je l'avais imaginé ! Non, je me suis même un peu ennuyé, passé les deux premières nouvelles, et je me suis forcé à finir ces quelques 220 pages. Je dois reconnaître la qualité poétique de l'écriture d'Asimov, tout de même. C'est une véritable belle plume et il me tarde de la retrouver dans des oeuvres majeures telles que le Cycle des Robots ou le Cycle de Fondation.
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