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Critique de Batu


Lu en Turc. Je ne peux donc malheureusement pas donner mon point de vue sur la traduction française, mais il m'est d'avis qu'il n'a pas dû être trop compliqué à traduire.

Ce court roman de Yusuf Atilgan, son deuxième chef d'oeuvre après le cultissime "L'homme désoeuvré" (Aylak Adam), est d'une noirceur, d'une tristesse et d'un pathétique rarement atteints. Monsieur Atilgan joue avec son lecteur, l'aspire et le retourne dans tous les sens par le biais d'un langage certes sobre et limpide, mais de techniques de narration (passages qui alternent entre imagination et réalité, absence totale de ponctuation sur certains paragraphes, leitmotivs...) qui nous plongent au plus profond d'une âme en totale perdition où l'infime lueur d'espoir qui l'alimente semble s'amenuiser de jour en jour, celle de Zebercet, le héros très Camusien du roman.

Zebercet est petit. Zebercet est frêle. Zebercet a un gros front et une bien grosse tête pour un corps si maigre. Zebercet est seul. Frustré sexuellement et par des journées sans saveur, il est le résultat même d'une enfance compliquée et d'un citoyen de la toute nouvelle république turque en perte de repères et en proie à des changements sociaux et moraux drastiques. On arrive malgré tout à se lier à ce personnage si affligeant, si dramatique, tout comme on le fait avec un certain Meursault, en attendant une fin inéluctable, qui vient boucler la boucle.

Un bijou littéraire, qui a largement trouvé la place et la reconnaissance qu'il mérite dans son pays. le peuple turc a découvert un visage bien trop familier, mais alors dépourvu de voix dans ce court roman. Yusuf Atilgan a été le porte-parole de milliers, voire de millions de ces visages et âmes muets, isolés, déboussolés.
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