A l'âge de six ans, Joanna Mason a survécu au massacre de sa famille par Andrew Decker, un déséquilibré.
Trente ans plus tard, Joanna est devenue le Docteur Hunter. Elle vit à Edimbourg, s'est mariée et a un charmant bébé, Gabriel.
Reggie Chase, orpheline de seize ans qui en paraît douze et qui collectionne les malheurs et les problèmes, est employée comme "assistante maternelle" (nounou) de Joanna. le Docteur et la jeune fille s'entendent très bien et Reggie adore les moments qu'elle passe dans l'univers particulièrement serein des Hunter.
Mais cette sérenité ne pouvait pas durer: un jour, l'inspectrice Louise Monroe vient annoncer à Joanna qu'Andrew Decker est sorti de prison. Les tabloïds se préparant déjà à utiliser cette nouvelle pour leurs gros titres, Joanna décide de "disparaître" pendant quelques jours avec son bébé.
Elle disparaît tellement bien que plus personne ne peut la joindre! Reggie commence à s'inquiéter et décide de demander de l'aide à un homme dont elle vient de sauver la vie, Jackson Brodie, ex-détective privé et ami de Louise Monroe.
"When Will There Be Good News?" est une lecture agréable, mais parfois assez déstabilisante!
La vie de Reggie, tout d'abord, est particulièrement difficile.
Depuis la mort de sa mère, elle se retrouve seule au monde, à devoir veiller sur un grand frère délinquant qui ne se gêne pas pour refiler l'adresse de sa soeur à son dealer, auquel il vient de voler quelques kilos d'héroïne. Sympa, non?
Mais malgré ses malheurs, Reggie n'est pas vraiment quelqu'un de sympathique. Si l'on parvient à la prendre en pitié, on est aussi parfois choqué par son cynisme :
la façon dont elle réfléchit à la tumeur au cerveau de son ancien professeur, Ms McDonald, est parfois tout simplement révoltante. Les réactions de Reggie donnent l'impression que, les malheurs se succédant à toute vitesse dans sa vie, la jeune fille ne peut plus ressentir de compassion pour personne. Comme si, à force de pleurer sur son propre sort, elle n'avait plus assez de larmes pour les autres...
Le Docteur Hunter n'est pas en reste en ce qui concerne la bizarrerie de sa personnalité.
Dans la vie de Joanna, chaque chose, chaque personne et chaque objet occupe une place bien déterminée. Si le calme et la sérénité de son existence semblent idéale dans les premières pages du roman, on se rend bien vite compte que ce ne sont en fait que des illusions. Joanna s'est construit une "armure" pour se relever du désastre vécu quand elle était enfant et cette armure, c'est l'ordre presque maniaque qui règne dans sa vie de femme adulte. Joanna veut oublier ce qu'il s'est passé trente ans plus tôt (et on la comprend) et, pour cela, elle s'est construit une vie parfaite, dans sa jolie maison, avec son gentil mari et son magnifique bébé. Mais est-ce la solution idéale ? Est-ce qu'une vie ordonnée et parfaite peut faire oublier un drame pareil ?
Louise Monroe n'y croit pas. Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de choses auxquelles Louise croit. Avec son ami Jackson, elle est l'un de mes personnages préférés de ce roman. Tellement cynique et agressive qu'elle en devient presque une parodie du flic qu'elle incarne, Louise est parfaite dans son rôle. Obsédée par les femmes qu'elle protège (Joanna et d'autres victimes de violences masculines), l'inspectrice Monroe en oublie de vivre sa propre vie. Mais cela n'a pas l'air de la gêner beaucoup, puiqu'elle essaye à tout prix d'éviter le chirurgien qu'elle vient d'épouser.
"When Will There Be Good News?" est donc, en quelque sorte, une histoire de femmes ; puisque même la vie du pauvre Jackson tourne autour des filles et femmes qui la composent (et qui lui en font voir de toutes les couleurs!).
Kate Atkinson se lance dans des portraits variés, où chaque protagoniste féminine semble remplir un rôle différent :
Reggie étant l'innocente victime d'une vie injuste, Joanna la femme qui cache sa violence sous une couche de vernis civilisé et Louise la flic paumée qui tente de réussir sa vie professionnelle à défaut de garder sa vie privée intacte. Chacune est confrontée à ses propres démons, chacune doit se battre pour continuer à avancer. Et, au final, elles s'en sortent. Comme le dit si bien l'inspectrice Louise Monroe: les femmes méritent des médailles. En tout cas, dans ce roman, c'est particulièrement vrai.
A cela s'ajoute de nombreuses doses d'humour très caustique, à la limite de l'humour noir, qui allègent plus d'une fois l'atmosphère du récit.
Une bonne découverte !
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