Attia Maurice – "
Alger la noire" –
Actes Sud / Babel Noir, 2016 (ISBN 978-2-7427-5914-9)
L'auteur est lui-même né en 1949 à Alger, et a effectué sa scolarité primaire dans le quartier de Bab-el-Oued ; suite aux "évènements", sa famille quitte l'Algérie et s'implante à Marseille. Il dispose donc largement de la substance indispensable pour alimenter un tel récit, dans lequel il tente de présenter non pas "la guerre d'Algérie" mais les conséquences qu'elle a eu pour ces gens qui voulaient ne pas prendre parti.
Telle est en tout cas la posture du personnage central de l'intrigue, l'inspecteur Martinez, qui tente de démêler un crime dont la mise en scène politique ne le convainc pas du tout. de fil en aiguille, ses pérégrinations entraînent le lecteur dans un tableau à peu près complet des diverses positions de la population d'origine européenne.
Psychiatre et psychanalyste, l'auteur imbrique là-dedans une sombre histoire d'inceste, quelque peu convenue, se déroulant – bien entendu et comme par hasard – dans l'une des "bonnes" familles algéroises de souche européenne soutenant l'OAS.
L'enquêteur et sa compagne représentent plutôt la partie "raisonnable" et résignée.
La partie spécifiquement indépendantiste algérienne n'est représentée que par des personnages secondaires.
Un livre travaillé, une écriture soignée, un récit qui présente l'un des points de vue sur cette guerre qui – à mon humble avis – n'aurait jamais dû avoir lieu si les politiques de l'époque (dont un certain Mitterrand) avaient fait preuve d'un minimum de bon sens...