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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


"Manuscrit corbeau" semble être la thèse de doctorat de Jacobo, un noir corbeau résidant dans un camp d'humains, aux environs de ces années de grâce 1939-40. Maître Corbeau, sur son grillage perché, observe donc l'espèce humaine et ses agissements étranges. Il la compare à la sienne, la tellement supérieure race corvine. Au fil de chapitres plus ou moins courts, il s'épate, s'étonne, s'interroge, s'agace, s'énerve de l'absurdité et de l'inconséquence des hommes, espèce ô combien méprisable. Tout y passe : la nourriture, le travail, les maladies, la guerre, les hiérarchies, les lunettes, l'argent, les espadrilles, les frontières et les nationalités, de l'individuel à l'universel. Dit comme cela, ce texte apparaîtrait simplement cocasse et ironique. Mais le "camp d'humains" que fréquente Jacobo est en réalité le camp de concentration du Vernet, en Ariège. Un camp que Max Aub a "bien" connu, puisqu'il y a été interné en 1940-41 après avoir fui la dictature franquiste (avant d'être déporté au camp de Djelfa en Algérie en 1942 puis de s'exiler définitivement au Mexique). Ce sont donc les prisonniers du camp et leurs geôliers que Jacobo observe, et sous cet angle, son ramage est caustique et persifleur.
Avec ces observations à hauteur de corbeau, Max Aub livre un petit traité de la condition humaine en milieu concentrationnaire. C'est piquant, noir et glaçant.

PS : "Manuscrit corbeau" vient d'être réédité en 2019 par les éditions Héros-Limite.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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