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Critique de Thelmalit


Entre 2015 et 2022, Florence Aubenas a publié ses enquêtes sur une quasi décennie chaotique, dans le journal le Monde.
J'ai pour cette femme un très grand respect. Son travail déjà dans la Quai de Ouistreham m'avait bouleversée. Pour découvrir le monde, et s'apercevoir qu'on n'en connaît rien, il n'est pas forcément nécessaire de prendre l'avion et de faire des milliers de kilomètres.

Il existe une théorie quantique qui dit que notre réalité n'est que la somme des milliers de réalités que nous côtoyons. Si l'une de ces réalités change, alors la notre aussi, soit brutalement, soit à la marge.

Ce que Florence Aubenas décrit, c'est un ensemble de réalité dont je n'avais qu'une vague idée. Ce n'est pas le monde des happy few.

C'est le monde des ronds points, des gilets jaunes, de Molenbeek, des EHPAD, de la misère de certains agriculteurs, d'une Thailande presque en toc, destination d'oubli pour des jeunes de Nanterre, de cette femme qui vit totalement en marge de la société et dont tout le monde, pourtant, murmure l'existence comme une légende.

La dernière partie, celle de 2022, s'intitule "Carnets de guerre" et elle raconte l'Ukraine, évidemment, mais toujours sous l'angle d'individus.
Peut être parce que j'ai été plus bouleversée par les enquêtes des premières parties, qui parlent d'un quotidien déjà si secoué depuis 2015, la crise économique, les attentats, j'ai moins accroché avec le conflit armé.

Point de feel-good ici et c'est peu de le dire. Mais des destins. Des hommes et des femmes qui bricolent avec un monde qui va trop vite et dans lequel ils n'ont aucune prise, ou si peu.
C'est une lecture presque sociologique, qui balance de l'humilité et de la prise de distance à chaque page. Un travail emprunt de respect, bien loin des chiffres desincarnés. Florence Aubenas donne des noms, des visages à ceux qui votent RN, ceux qui vivent avec 900 € par mois, ceux dont la possession la plus chère est un vieux bus, qu'ils appellent bébé, ceux qui sont allés manifester sur les rond-points parce qu'au moins il se passait quelque chose, ceux qui tiennent, quand même.

A lire parce que décidément non, tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon.
Lien : https://www.instagram.com/tu..
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