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Critique de YvesParis


Il est délicat d'émettre une note dissonante dans le flot de critiques laudatives que s'est attiré ce beau témoignage humaniste de la France d'en bas, qui souffre de la crise et de la précarité.
Je le concède volontiers : cette chronique de la misère sociale est émouvante. La démarche de cette grande journaliste est noble.
Pour autant j'avoue deux réticences
La première est littéraire. le livre a un problème de rythme. Constitué d'une multiplicité de petites saynètes, certes attachantes et bien troussées, il n'avance pas.
La deuxième est méthodologique. Pour écrire son livre, Florence Aubenas est entrée dans la peau d'une chômeuse de longue durée en quête de petits boulots. L'embedment est au journalisme ce que l'Actor's studio est aux acteurs de cinéma. Pour autant il a ses limites. Même en se grimant, même en bidonnant son CV, même en s'installant pendant des mois dans une cité HLM sans charme, même en nettoyant les WC conchiés du ferry d'Ouistreham, Florence Aubenas ne sera jamais de la France d'en bas. Elle en partagera peut-être les affres, l'espace de quelques semaines ; mais elle n'en éprouvera jamais l'intime désespérance, l'absence entêtante de perspective.
Sa démarche du coup ne peut pas ne pas être artificielle. Comme Fabrizio Gatti, ce journaliste italien qui avait partagé le sort de réfugiés africains en route vers l'Eldorado européen, Florence Aubenas touche vite les limites de l'exercice. Quand elle postule à un emploi de femme de fin de ménage, elle n'est pas, elle ne peut pas être une chômeuse en fin de droit cherchant à décrocher un petit boulot pour remplir son frigo. Elle ne peut qu'être une journaliste - certes courageuse - qui aligne les expériences pour enrichir son livre de plusieurs épisodes pittoresques.
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