Dans Toy Story 3, on passe directement de Sade aux Teletubbies.
Ne fantasmons pas un Da Vinci Code mormon. Pixar a été catalysé par l'alliance de Catmull avec des individualités venues de tout autres cultures : un hippie de la côte ouest (Alvy Ray Smith), un enfant de Disneyland (John Lasseter) et un businessman hors sol (Steve Jobs). Il reste que le désir mormon de refondation assistée par ordinateur innerve l'imaginaire du studio. Cars et Wall-e, les deux films les plus marqués par l'écosystème physique et mythologique de l'Utah, montrent ainsi des élans uchroniques, reconfigurent l'histoire de l'humanité dans l'hypothèse où celle-ci ne serait plus le monopole de l'espèce humaine.
Roulis de l'émulation entre concepteurs, animateurs et informaticiens dans la quiétude de locaux, à Emerville, Californie, conçus comme une aire de jeu favorisant les échanges multilatéraux (c'est du moins la parole officielle, mais personne, jusqu'ici, ne l'a sérieusement contredite).
Cela ne va pas arriver, c'est déjà arrivé : la dérégulation financière a permis d'évaluer combien l'accélération des calculs rend mécaniquement plus lourde, sinon indésirable, l'espèce humaine.
Wall-E est notre meilleur ami et notre fossoyeur. Son nom sonne comme Wally, diminutif rondouillard, idéal pour un personnage de cartoon. Mais, si on l'inverse, il devient E-Wall, le mur électronique dans lequel nous fonçons, la dalle de silicium que les ordinateurs pourraient finir par sceller sur la fosse de l'humanité, devenue trop lente et archaïque au regard de la cybernétique.