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Critique de domi_troizarsouilles


Ce roman que j'ai terminé il y a quelques jours me donne tout à la fois envie de dire « waouh ! » et « dommage… ». Je ne connaissais pas l'auteur, et me suis rendu compte après avoir refermé ce livre-ci, emprunté (comme tant d'autres récemment !) auprès de Lirtuel, la bibliothèque francophone belge en ligne ; bref, je me suis rendu compte que j'avais déjà, et depuis un moment, un autre livre de cet auteur dans ma PAL, mais encore jamais lu. C'est donc celui-ci qui ouvre le bal de la découverte d'un auteur que j'ai beaucoup apprécié.

Certes, la construction de l'histoire est plutôt classique : c'est tout simplement un « bon polar » où tous les ressorts nécessaires sont parfaitement exploités, sans fioritures ou effets extraordinaires inutiles, mais avec juste ce qu'il faut de suspense pour qu'on ne parvienne jamais à le lâcher – et plus encore quand le sujet est intéressant. Et ici, non seulement le sujet l'est, intéressant, mais en plus, on sent la grande maîtrise que Morgan Audic en a. C'est une maîtrise qui est indéniablement liée à un long travail de recherche, mais où transparaît aussi, à mon sens, un peu de cette passion, de ce véritable attachement à la cause de ces trop nombreux cétacés (et des ours polaires au passage) qui souffrent plus que d'autres espèces – si c'est possible – du dérèglement climatique actuel !

Outre tous les aspects concernant le danger d'extinction qui pèse sur tant de ces magnifiques animaux marins, l'auteur évoque aussi, dans ce même ton presque journalistique mais qui invite à la réflexion, le contexte géopolitique tout particulier de ce coin perdu du grand nord norvégien, « partagé » avec une délégation russe depuis toujours, dans une cohabitation correcte mais tendue, et plus encore depuis que la folie russe s'est lancée dans cette guerre absurde en Ukraine ! On se dit brièvement – on espère ! – que, dans quelques années, ce côté-là rendra l'intrigue obsolète ; mais surtout, on s'étonne de ces échanges arctiques improbables, pas si invraisemblables que ça à vrai dire, mais qui détonnent particulièrement dans le contexte !

Tout cela donne à l'ensemble un petit souffle épique, car c'est un bout du monde qui fait bien un peu rêver et que l'on croirait préservé, mais qui s'avère ici tout autre. Par exemple, le taux de criminalité a beau y être parmi les plus faibles au monde, personne ne sort là-bas sans un fusil… pour tenter de mettre en fuite les ours polaires en maraude « au cas où ». Tout à coup, ça ne fait plus tellement rêver ! Et aussi parce que les grandes baleines, les cachalots, les bélugas, etc., ces mammifères marins qu'on dit tellement intelligents, ont quelque chose de fascinant, que l'auteur entretient ici avec brio, tout en montrant un véritable souci écologique plus général. Bref, chapeau bas !

Le « dommage » que j'exprimais plus haut est beaucoup plus minime, en réalité, et bien davantage dû à mon goût personnel… mais bon, le but d'un commentaire est aussi de mentionner cela, n'est-ce pas ?
D'abord, l'auteur nous sert deux histoires parallèles, dans deux lieux différents de ce fin fond de la Norvège, et suffisamment éloignés l'un de l'autre pour que ces deux histoires commencent par ne pas se croiser. Sauf que… je ne sais pas trop pourquoi, mais très vite, on attend, on espère, on voit venir le moment où ces deux intrigues, dont les sujets sont indéniablement liés, vont se rejoindre. Las ! ce moment ne cesse de reculer, et je ne l'ai pas noté, mais il me semble qu'on est à plus de 80% du livre quand enfin on a « la » jonction tellement attendue… et c'est trop tard !
Trop tard, parce que, à partir de là, les choses se précipitent, avec même quelques mini-incohérences – par exemple, à moins que je n'aie lu trop vite, l'auteur élude de « montrer » comment le journaliste qui investigue sur l'une des deux affaires contacte la flic qui enquête sur l'autre ; ce n'est pas que je voulais à tout prix une scène ou un dialogue en plus, mais ainsi leur soudaine collaboration (teintée d'une inévitable méfiance l'un envers l'autre, là aussi on est dans du très classique) paraît presque artificielle.
Et à ce sujet, troisième et dernier bémol, non seulement la fin se précipite à partir du moment où les deux histoires se croisent enfin, mais en plus certains éléments de la résolution semblent sortir du chapeau de l'auteur. Certes, on reste dans le contexte des mammifères marins, mais avec un nouvel élément qui n'avait pas été amené (du tout), et pour moi, ce genre de révélation tardive est un « défaut » récurrent de tant et tant de polars et autres séries policières, qui m'agace particulièrement – et plus encore quand tout le reste a été bon !

Cela n'empêche pas, comme je disais plus haut, que j'ai beaucoup apprécié ce roman policier, avec des personnages principaux bien travaillés, quelques personnages secondaires bien campés eux aussi, même si certains sont parfois un peu caricaturaux. Quoi qu'il en soit, « ça marche », et les deux intrigues sont aussi intéressantes l'une que l'autre, si bien que l'on tourne les pages encore et encore pour en savoir plus, tout en gardant une blessure au fond du coeur pour tous ces (grands) mammifères marins tellement en danger !
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