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Critique de sandrine57


Maurice Audin, jeune assistant de mathématiques à l'université d'Alger, membre actif du Parti communiste algérien, militant anticolonialiste, est arrêté par l'armée française le 11 juin 1957, à Alger. Dix jours plus tard, il est déclaré mort. Officiellement, il n'aurait pas survécu à une tentative d'évasion lors d'un transfert. Plus vraisemblablement, c'est sous la torture des parachutistes du général Massu qu'il a perdu la vie. Il avait 25 ans, il était marié et père de trois enfants.
Plus de 50 ans après les faits, sa fille Michèle a voulu rassembler les bribes de cette vie si brève, sans s'appesantir sur sa disparition, juste en évoquant le fils, le frère, le mari, le père, l'homme qu'il était et les traces qu'il a laissées.


Difficile pour Michèle AUDIN de faire appel à ses seuls souvenirs pour parler de son père; elle avait 3 ans à peine quand il a disparu. Alors tout prend valeur de document précieux : les rares photos, les carnets où il notait les dépenses du ménage, le témoignage de ceux qui l'ont connu. C'est sans doute une façon pour elle d'apprendre à le connaitre, de creuser derrière le personnage dramatique. Mais elle ne peut qu'imaginer, supputer, lui prêter des sentiments et des intentions sans savoir s'ils sont réels. On sent comme une détresse devant tout ce dont elle a été privé : ses colères, ses erreurs, son parfum, ses goûts, son humour, ses défauts, tout ce qui est banal, tout ce qui fait aussi un père, tout ce qui se rapporte à l'intime. Il était mathématicien, elle est mathématicienne, est-ce là une façon d'établir un lien avec lui ?
En rassemblant les morceaux épars de la courte vie de son père, elle répond à ceux qui ont voulu effacer son existence, ceux qui ont menti, ceux qui ont nié, ceux qui n'ont pas eu le courage de rendre son corps torturé à sa famille.
Un beau témoignage d'amour d'une fille pour son père, qui évite le larmoyant et le pathétique pour simplement montrer que derrière l'"Affaire Audin", il y avait un homme, Maurice Audin.
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