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Critique de Ahotep


Je viens, avec un peu de retard, vous donner mon avis sur le second volume de la saga "Les enfants de la Terre ", intitulé " La Vallée des chevaux ". Je vais tenter d'aller droit au but cette fois-ci, sans parler de mon avis à propos de la démarche de l'auteur, ce que j'ai déjà fait dans mon premier commentaire.

Ce deuxième roman a un rythme radicalement différent du premier. J'ai trouvé sa structure à la fois agréable et intelligente. En effet, Jean Auel nous décrit les parcours respectifs des deux personnages principaux: Ayla, bien entendu, et un second héros qui aura autant d'importance qu'elle dans cet épidose, Jondalar, un Homo-Sapiens sapiens. Durant tout le roman, l'auteur nous offre différents chapîtres alternant entre la vie d'Ayla ( désormais chassée du Clan, et ayant trouvé refuge dans une caverne déserte ) et Jondalar, un jeune homme un peu plus âgé qu'elle qui entreprend "Le Voyage" avec son jeune frère, Thonolan. La dernière grande partie du roman met un terme au rythme adopté jusqu'à lors et réunit les deux personnages principaux qui se rencontrent après la mort brutale de Thonolan. On est bien loin de la structure du premier roman, où il n'était question que d'un seul groupe, le Clan, et où les Autres ( les Homo-Sapiens sapiens ) n'étaient que mentionnés, sans être mis en scène. C'est donc le début de la découverte des autres humains se partageant, à cette époque, la Terre, avec leurs cousins Néandertaliens.



Ayla étant désormais seule, c'est l'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir la faune et la flore préhistoriques, étant donné qu'il n'y a pas d'humain avec qui la jeune héroïne puisse partager sa vie. J'ai lu les commentaires de plusieurs lecteurs ayant trouvé les longues descriptions des animaux et des plantes lassantes. Je ne suis pas de cet avis. Je pense que pouvoir planter le décor et ainsi nous immerger totalement dans l'atmosphère de l'époque, il fallait bien que l'auteur décrive avec précision l'environnement dans lequel évolue son héroïne. Et j'ai trouvé délicieux la manière dont Jean Auel présente la vie des différents animaux, pour beaucoup disparus , ainsi que la couleur, le goût et l'usage des plantes. Pour quelqu'un qui n'est pas une spécialiste, c'est plus qu'intéressant, et en tant que lectrice, cela m'a permis de me faire une idée plus précise du mode de vie, de ses joies et ses contraintes, dans lequel vivent l'ensemble des personnages, en particulier Ayla. J'ai été également passionnée par les scènes et les stratégies de chasse mises au point par Ayla pour assurer sa survie, sa façon de conserver et de cuisiner les aliments, de fabriquer des outils, etc. J'aurais cependant apprécie plus d'action et de descriptions durant les périodes hivernales. Bien entendu, c'est l'époque où il est très difficile de faire quoi que ce soit, mais j'aurais aimé avoir une idée de la façon dont il était possible d'occuper ses journées durant cette saison, par exemple. Les spécialistes et la majorité des lecteurs reprochent à Jean Auel d'avoir mis en scène la domestication des chevaux à cette époque, alors qu'elle est censée n'avoir eu lieu que bien plus tard, le cheval étant considéré par beaucoup comme le dernier animal domestiqué. J'ai un avis plus nuancé sur la question. D'abord, il n'est pas question ici d'une domestication générale du cheval, mais simplement de l'apprivoisement d'une seule jument ( et plus tard de son poulain ) par un seul être humain. Des gens qui apprivoisent des aniamaux sauvages et redoutés, cela se passe tous les jours, dans tous les continents, depuis des temps immémoriaux. Cela n'a rien à voir avec la domestication massive et donc la transformation progressive d'une espèce entière. Qu'un de nos ancestre ait pu tisser des liens étroits avec des animaux sauvages me semble tout à fait possible. Une totale remise en question de la chronologie que nous avons de la préhistoire aurait mérité un débat, mais pas cet élément du roman, qui a en plus le mérite d'apporter une dimension affective forte dans ce début de saga.



Du côté de Jondalar et de son frère, bien que leur périple fut pleins de rebondissements, il m'a souvent lassée, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai souvent trouvé l'humour assez lourd, manquant de subtilité. Expliquer les habitudes sexuelles, les mythes et l'importances de la sexualité à une époque aussi reculée, est intéressant, puisqu'il est éloigné en bien des points des nôtres. Cependant, faire de la sexualité un élément central dans le récit m'a quelque peu déçue. J'aurais aimé en savoir d'avantage sur les coutumes de la tribu d'origines des deux frères, par exemple. Bien-sûr, leur adoption au sein de la tribu des Sharamudoï fut passionnant, puisque cela a permis de mieux connaître le niveau technologique et plusieurs rites religieux supposés des Sapiens sapiens, mais pas de la tribu Zelandoni. Mis à part cela, la vie sexuelle et amoureuse de Jondalar occupait bien trop de place dans le récit, et je me suis vue lire plusieurs pages en diagonale, ce qui n'était pas arrivé lors de la lecture du premier roman. L'auteur a peut-être voulu donner une tonalité plus légère à l'histoire, en prenant le risque de flirter avec le roman érotique/ à l'eau de rose... J'ai trouvé cela décevant. Cela a un peu gâché, à mon sens, les aventures des deux frères. La mort terrible de la compagne de Thonolan fut cependant racontée avec habileté. La mort tragique de celui-ci également. Quoi que, les prédictions du Shamud à Jondalar, la volonté de mourir du jeune veuf Thonolan, nous annonçaient d'avance ce qui allait se passer. Pas de surprise donc, juste un peu d'émotion. Trop prévisible, trop répititif, pas assez fin, voilà les gros défauts que j'attribue à cette partie du roman.



La partie ( ou plutôt, le début de partie ) que j'ai trouvé la mieux réussie, fut celle de la rencontre entre Jondalar et Ayla. Les scènes semblaient très réalistes. La difficulté de communiquer, Ayla ne connaîssant que le langage du Clan, incluant des geste et quelques sons mais pas de mots uniquement parlés comme c'est le cas chez les Sapiens-sapiens, les efforts déployés par Ayla pour guérir Jondalar gravement blessé durant l'attaque de la lionne qui coûta la vie à son frère, la réaction de celui-ci lorsqu'elle lui apprend qu'elle fut élevée par un groupe de " Têtes plates " ( comprenez, Néandertaliens ), tout ceci fut raconté avec intelligence. le thème des rapports entre les deux types d'humains co-habitant à cette époque fut passionnant. J'ai trouvé dommage qu'il ne prenne d'ailleurs pas plus de place tout au long du récit. le rejet, la haine et parfois la persécution des Sapiens-sapiens à l'égard de leurs cousins Néandertaliens sont tout à fait plosibles et nous rappellent les idéologies racistes et xénophobes qui continuent de gangrainer bien des sociétés humaines de nos jours. L'opposition entre le matriarcat des tribus Sapiens-sapiens et le patriarcat des Néandertaliens est décrite avec finesses et précision également. La rencontre des deux héros met en lumières les différences frappantes et les points communs entre les deux types d'être humains. Cependant, j'ai compté plusieurs faiblesses à cette partie de l'histoire. D'abord, il y a la façon soudaine dont Ayla se met à parler ( à la suite d'un rêve ), alors qu'elle ne comprend et n'articule péniblement que quelques mots la veille au soir. Qu'elle se souviennent de sa langue maternelle ( qui n'est pas celle du Clan ) est possible. Mais qu'elle se souviennent de TOUS les mots et soit capable de faire des phrases complexes en l'espace d'une nuit me semble un peu exagéré. le fait qu'une tribu vive à seulement quelques Km de sa caverne, sans que jamais, en l'espace de trois ans, aucun de ses membres, ni Ayla qui pourtant explore souvent les environs, n'est rencontré l'autre par hasard semble également étrange. Il y a aussi un passage surprenant, où il est écrit que la sexualité permet à la femme de recevoir " la force de vie " provenant du sexe de l'homme. Une totale contradiction avec les convictions des humains à cette époque, rappelées à plusieurs reprises par l'auteur. Ceux-ci ne sont en effet pas censés avoir fait le rapprochement entre l'acte sexuel, le sperme, et la fécondation, mais l'attribuent uniquement aux pouvoir de la " Mère ", l'esprit Créateur régissant la nature et les hommes. Et puis, c'était (trop) prévisible, Jondalar qui n'est jamais tombé amoureux de personnes s'éprend d'Ayla. Trop prévisible, mais peut-être nécessaire à l'écriture du roman. Je ne considère pas cela comme une erreur, mais plutôt une facilité. Malheureusement, dès que les deux être se mettent en couple, qu'Ayla découvre les joies du sexe, il n'y a plus que cela qui compte ! Toute la fin du roman n'est qu'une succession exaspérante de scènes de sexe entre les deux héros. Ce qui fait qu'en tournant la dernière page du roman, je n'ai pas ressenti ce que j'avais ressenti lors du précédent roman: un regret immense que le livre ait déjà livré ses dernières lignes. Une lecture qui prend donc fin sur une pointe de déception.



Lien : http://ahotep.over-blog.com/
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