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Citations sur De l'ardeur (28)

Au début d’un article sur Yahya, Razan met son lecteur en garde, admet que cette histoire de révolutionnaires qui offrent des roses aux soldats peut sembler d’un idéalisme forcené et candide. Mais le geste est partout repris et imité, partout commenté, sans ironie ni commisération. Le régime ne supporte pas ce geste, ne supporte pas ces jeunes hommes qui avancent vers les forces de l’ordre, désarmés, torse exposé, tentant de capter le regard des soldats d’Al-Assad qu’ils considèrent comme des victimes –ils expriment leur empathie à l’égard de ces jeunes des classes populaires qui n’ont pas vingt ans, font leur service, gagnent une misère, vivent sous le regard inquisiteur des officiers et loin de leurs familles depuis des mois parce qu’il vaut mieux déraciner les soldats quand on veut qu’ils puissent tirer sur la foule, qu’ils n’aient pas besoin de s’en prendre au fils du voisin.
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L’État islamique est né de la violence déployée en Syrie, en Irak, et avant cela en Afghanistan, mais aussi du langage que l’on a épuisé et qui finit par tourner à vide. Face aux mots qui n’accrochent plus, on pourrait faire le choix de s’en remettre à un autre langage, plus incarné, et pourquoi pas même à une parole révélée.
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......on raconte que Sarkozy aurait dit du jeune président : On peut lui faire confiance, vous avez vu sa montre et sa femme ?
( le jeune président est Bashar al-Assad )
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Lorsqu’en Orient naît la lune,
Les blanches terrasses s’assoupissent
Dans des amas de fleurs,
Les gens abandonnent leurs échoppes
Et vont ensemble
À la rencontre de la lune,

Nizar Qabbani
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La répression à Deraa trouve son incarnation en avril, quand Hamza al-Khatib est arrêté pendant une manifestation. Hamza a treize ans et il est accusé par les forces de l'ordre d'être un terroriste (on lui aurait reproché d'avoir essayé de violer les femmes de plusieurs soldats). Deux photos de Hamza ont été vues partout en Syrie. La première est une photo scolaire.

Sur la seconde on découvre le corps de Hamza tel qu'il a été rendu à ses parents. Ce que l'on voit et ce que l'on sait se mêle : visage noir d'ecchymoses, brûlures aux pieds, coudes, genoux et visage - probablement causés par coups de fouet et décharges électriques - poitrine percée de deux impacts de balles, cou brisé, ongles bleus, sexe tranché. De cette image, Riyad al-Turck avoue qu'elle l'a fait pleurer et il ajoute : c'est la pire chose que j'aie jamais vue.

(Riyad al-Turck, figure mythique de l'opposition, a connu la torture et l'isolement pendant 18 ans ).
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Elle se sentait assez isolée, n’arrivait pas à s’adapter. Je crois qu’elle était très affectée par ce qui arrivait aux prisonniers politiques, par la brutalité du régime et l’injustice. À tel point qu’elle ne parvenait pas à mener une vie normale. Elle sortait très peu. Je crois qu’il lui était impossible de vivre sa vie comme si tout cela n’avait pas lieu.
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La chaise allemande, le pneu, le tapis volant, le fantôme : on dirait des noms de jeux d’enfants mais ce sont quelques-unes des techniques favorites des mukhabarat syriens. Après la Seconde Guerre mondiale, Alois Brunner, officier SS ayant travaillé avec Eichmann, a trouvé refuge à Damas où il a fait carrière auprès des services secrets. Il y a enseigné des méthodes de torture pratiquées par la Gestapo aux jeunes membres des renseignements, avides de découvertes.
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La double pratique de la disparition et de l'arrestation est inséparable du régime syrien, figure au coeur du génome. Toutes ces absences contribuent à défaire les liens, à morceler; en chacun se trouve répliquée cette réalité semée de trous qui sape les fondements d'une citoyenneté entière, et s'ouvre un espace au creux duquel la peur vient loger, duquel elle peut déployer ses tentacules puissants.
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Dans les jours qui ont précédé la chute d'Alep, le nombre décuple de ceux qui, dans le monde occidental, choisissent de se mettre à crier que tout cela est insupportable, qu'ils ont honte. J'éprouve une certaine difficulté à m'expliquer pourquoi soudain le seuil du supportable a été franchi. L'horreur est à l'oeuvre depuis cinq ans, ce n'est pas ce qui a changé, c'est une illusion de penser qu'un "cran" a été franchi, l'horreur est toujours l'horreur. Ce qui a changé c'est que nous nous sommes mis à regarder et que nous avons trouvé tout cela insupportable. Probablement parce que nous avons compris que ce qui devait advenir à Alep adviendrait, que tout cela était joué depuis longtemps et qu'il est difficile de se retrouver impuissant face à la tragédie. Probablement aussi parce que la chute d'Alep ouvre sur la possibilité d'en finir avec ce conflit qu'il devenait difficile d'avoir à ignorer, qu'elle ouvre sur la conversation avec le régime d'Al-Assad - une solution désagréable qui aura le mérite de mettre fin au chaos, à la violence trop visible. Nous nous achetons une bonne conscience, in extremis, le sursaut de compassion étant une façon de mettre à distance les responsabilités, d'affirmer qu'on n'est pas complices parce que nous sentons confusément les liens qui nous lient à cette affaire, les responsabilités mais aussi la menace qui rôde et plane sur notre avenir.
Mais surtout il me semble que l'usure des images et des mots nous terrifie plus que nous ne voulons le croire. Cette peur ancestrale de ne plus pouvoir alerter et crier, de ne plus pouvoir exprimer le danger, de ne pas pouvoir nous faire entendre, le jour où nous en aurons vraiment besoin.
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Les mots une bonne fois pour toute vidés de leur sens, essorés, les mots si puissants au début de la Révolution, voilà ce qu 'il en reste
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