Quelle folie quand même ! Une barque au milieu de cette immensité. Tout ça pour une histoire de tampon sur un passeport. Que de désespoir pour entreprendre une telle aventure.
C'est sans doute très intéressant pour les producteurs de pouvoir trouver de la main- d’œuvre qui ne mouftera pas.
-Qu'est-ce que vous croyez? Si j'ai accepté de vous parler, ce n'est ni pour me faire plaindre, ni pour le plaisir de parler à un journaliste. C'est pour être sûr de laisser une trace. Un testament. Un témoignage. Quelque chose.
Je ne sais pas si j'arriverai de l'autre côté vivant. Je suis conscient des risques. Mais je n'en peux plus de ne pas tout tenter pour passer en Europe. Je vous l'ai dit: j'étouffe ici.
- Chaque matin, vers 6h, les travailleurs se rassemblent aux ronds-points des villages, dans l'espoir de trouver du travail pour la journée. Les propriétaires passent en pick-up, négocient les prix à la baisse comme des maquignons.
- Incroyable.
- Tout ça pour que les supermarchés et les épiceries européennes soient approvisionnées toute l'année en tomates, poivrons et autres légumes insipides, bon marché et hors-saison. A quel prix, hein ?
El Ejido. C'est donc ça. C'est ça, cette tache blanche au Sud de l'Espagne que l'on distingue très nettement sur les photos satellites. Là que l'on produit tous les légumes bon marché qui arrivent dans nos assiettes de consommateurs gâtés. Tomates, concombres, poivrons à Noël. C'est là, sous ces milliers d'hectares, de dizaines de milliers d'hectares. Combien d'immigrés là-dedans? Combien de sans-papiers. Combien de Rachyd de Magyd?