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Critique de bdelhausse


Autobiographique ou pas, le récit de Shalom Auslander est écrit à la première personne. le personnage principal va être père. Et il part dans ce qui ressemble à un délire. Il imagine dieu le punissant à travers la mort de son enfant, ou de la mère, ou des deux.

Il s'adresse à dieu, dans une sorte de dialogue, où il insulte, culpabilise, s'excuse, re-insulte, encense, etc. le divin. Comment être un père serein quand on porte la culpabilité et l'obéissance bien ancrées en soi.

Puis Shalom Auslander opère un flashback. Son enfance de juif orthodoxe dans des quartiers chics. Les transgressions à manger "trief", non cachère, en cachette. Puis culpabiliser, puis remanger, vomir, et encore et encore.

En grandissant, les plaisirs s'érotisent. Revues porno, masturbation, et toujours la même rengaine de culpabilité. Sans même mentionner le rôle du père qu'il soit géniteur ou divin.

On se croit très souvent dans un film de Woody Allen. Cette rhétorique, le dialogue soumis avec dieu, ces paradoxes, l'idée de faute, de châtiment divin... c'est incroyable.

Indescriptible.

Les transgressions démarrent comme des private jokes, histoire de voir cette toute-puissance divine. Voir s'il peut tuer cette famille que le personnage principal déteste. Puis, cela devient une sorte de jeu, de test, de défi que Shalom Auslander lance à dieu.

Mais peu à peu le comique s'efface, à mesure que les années passent. Car on assiste à une sorte de course à l'autodestruction. Il y a une passion morbide pour la transgression.

Le psy n'est jamais loin. Via Woody Allen, on a l'impression que les psys ne vivent que pour soigner les juifs dépressifs, ce qui ressemble un peu, beaucoup, à un pléonasme.

Et l'enfant paraît. La circoncision est décidée, mais en dehors des rites religieux. Ce qui signe la rupture définitive entre Shalom et sa famille. Surtout quand on sait que l'enfant s'appelle Pax... ce qui a la même signification que Shalom...

Les dernières pages sont trempées dans le vitriol. Règlement de comptes, remise des pendules à l'heure... c'est dur, vindicatif, d'une intransigeance, mais aussi d'une justesse imparable, tout en restant drôle, comme un Pierrot peut l'être...

Pour ces 20 dernières pages, ce roman vaut la peine. le final est une grosse baffe, une claque aux religions et à la manière dont elles nous pourrissent la vie et celle de nos enfants.
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