AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de berni_29


Chers amis lecteurs,
Permettez-moi de m'entretenir avec vous à propos d'une femme que j'ai connue naguère. Elle s'appelle Lady Susan. Vous me connaissez, il n'est pas dans ma nature de dire du mal des autres, quand bien même cela serait justifié. Cependant, je dois vous avouer, que s'agissant de cette Lady Susan, j'ai décidé de revoir ce principe et de vous mettre en garde.
C'est une certaine Jane Austen, avec laquelle je suis entré en amitié tout récemment, qui a eu la gentillesse et le privilège de me confier la correspondance qui traite des faits dont je vais vous parler et qui mettent en scène Lady Susan.
Du reste Lady Susan a su abondamment enrichir cette correspondance avec le trait de caractère qui est le sien et tout son art de savoir habilement parvenir à ses fins sans jamais ressentir à cet égard le moindre scrupule.
Cette correspondance est composée de quarante-et-une lettres, précisément où Lady Susan ne ménage pas ses peines et s'amuse même dans ce petit théâtre des désirs et des sentiments tandis qu'elle tire les ficelles astucieusement, comme si les personnes qu'elle côtoie et avec lesquelles elle correspond devenaient des marionnettes articulées par sa seule volonté.
Lady Susan est veuve depuis peu, mais sans le sou. Elle est une jeune veuve, âgée de trente-cinq ans. Qu'à cela ne tienne, elle est encore séduisante, très intelligente, sait donner le change et peut largement rivaliser avec les femmes plus jeunes qu'elle de son entourage.
L'une d'elle est d'ailleurs sa fille, Frederica, âgée de seize ans, très belle. Lady Susan le sait. Frederica est terrorisée par sa mère qui veut lui faire épouser le riche et stupide Sir James Martin.
J'ai bien deviné au ton que prenaient certaines lettres de Frederica, que sa mère se penchait au-dessus de ses épaules pour lire et pourquoi pas lui dicter certaines phrases, tant qu'à faire.
Ce que j'ai aimé dans ce récit épistolaire, c'est la construction, un agencement subtil fait de rebonds qui permet de dessiner peu à peu l'histoire et l'entrelacement des personnages.
Je sais bien qu'à la première rencontre, Lady Susan inspire la gentillesse, la bonté, le bonheur de la rencontrer. On ne peut rien lui refuser. Je ne sais pas à quoi elle tient cette qualité, s'il faut appeler cela une qualité, j'imagine que c'est un don. Aussi, chers amis lecteurs, je vous demande instamment de vous en méfier comme de la peste.
Lady Susan n'est pas ce qu'elle inspire.
J'ai appris à reconnaître dans ces lettres lues, sa dimension immorale et pervertie.
En effet, elle est une femme perfide, médisante, hypocrite, menteuse, égoïste, cynique, séductrice, intrigante, manipulatrice ; qui plus est, doublée d'une mère indigne.
Dit autrement, pardonnez-moi chers lecteurs, c'est une belle garce.
Je sais bien que d'autres de cette histoire s'en sont méfiés auparavant, prévenus de la même manière. Certains personnages ont cru s'être trompé sur l'opinion de Lady Susan, sont revenus sur ce qu'ils en pensaient...
À certains endroits, le côté pervers et manipulateur de Lady Susan m'a fait penser à la Marquise de Merteuil dans les Liaisons dangereuses.
Mériterait-elle cependant un compliment pour atténuer la charge contre elle ? Oui elle est intelligente, divinement, diaboliquement, redoutablement intelligente.
Et les autres, que sont-ils ? Il me semble qu'ils sont de bien piètres et naïfs personnages parfois, ils la connaissent pourtant, de réputation, mais elle sait y faire, retourner son monde comme une crêpe au sarrazin...
Tout ceci est magnifiquement écrit, Jane Austen a su développer ici un sens de l'observation rare et une écriture ciselée.
C'est drôle, c'est cruel, c'est subtil.
La fin, ah oui la fin de cette histoire ? Je reste sur ma fin et je garde en moi le goût léger et caustique de ce roman épistolaire. La fin aurait pu être différente, plus spectaculaire, à la dimension de la perversité de Lady Susan.
Quant à ce que ce que je pense de toute cette affaire, je ne suis pas sûr que Frederica soit si timide que cela ni que sa mère la connaisse si bien.
J'aurais aimé entrer dans le coeur de Lady Susan, non pas pour en être épris, quoique..., mais pour sonder les secrets d'une âme en errance...
Votre dévoué,
Bernard
Commenter  J’apprécie          7225



Ont apprécié cette critique (69)voir plus




{* *}