AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Pierre Goubert (Traducteur)
EAN : 9782070337569
128 pages
Gallimard (11/05/2006)
3.67/5   1330 notes
Résumé :
Son ciel est un peu bas, un peu vide, mais quelle délicatesse dans la peinture des sentiments! Si nul démon majeur n'habite Jane Austen, en revanche une compréhension d'autrui jamais en défaut, jamais défaillante. La part de satire est excellente et des plus finement nuancées. Tout se joue en dialogues et ceux-ci sont aussi bons qu'il se puisse. Certains chapitres sont d'un art parfait...

Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge... >Voir plus
Que lire après Lady SusanVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (282) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 1330 notes
A trente-cinq ans, la séduisante Lady Susan se retrouve veuve et désargentée. Précédée d'un parfum de scandale alors que sa coquetterie manipulatrice aurait brisé plus d'un ménage, elle s'invite chez son riche beau-frère pour y poursuivre ce que toutes les autres femmes décèlent de ses manigances sans scrupules, mais qui charme tant les hommes que bon nombre se laisseraient volontiers mener jusqu'au mariage.


Aussi intelligente qu'égoïste et amorale, Lady Susan semble partagée entre le plaisir de séduction que lui permet son indépendance, et l'ambition qui la rend prête à tout pour se remarier avantageusement. En tous les cas, elle s'en donne à coeur joie pour manipuler son entourage sans vergogne, mentant et trompant avec le plus grand cynisme, et allant jusqu'à maltraiter cruellement sa fille de seize ans, qui, bien que tenue éloignée, commence à lui faire de l'ombre alors qu'il lui faut songer à la caser elle aussi.


Cette femme dont l'intelligence et la beauté désarmante dissimulent une personnalité narcissique, froide et calculatrice, usant de tous les ressorts de l'hypocrisie et de la manipulation pour jouer avec les sentiments d'autrui sans jamais se départir d'une insensibilité cruelle, a quelque chose de Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. L'air de famille s'impose d'autant plus que, tout comme pour la marquise, c'est un échange épistolaire qui nous dévoile peu à peu le vrai visage de Lady Susan, au travers notamment de ses lettres à son amie et complice, et de la correspondance de l'épouse de son beau-frère avec sa mère, qui toutes deux la détestent.


On se laisse prendre avec délice à cette peinture finement satirique de la bonne société anglaise du XVIIIe siècle, ridiculisée par une aventurière bien décidée à user de ses armes et du mariage, puisque c'est le seul moyen alors pour les femmes de s'assurer statut social et aisance financière. Et si son audace cyniquement opportuniste scandalise tant les épouses tout en séduisant si systématiquement les hommes, n'est-ce pas aussi parce qu'elle s'emploie à mettre en oeuvre, ouvertement et librement, ce que chacune a vécu et fera vivre à ses filles dans le strict respect des conventions et des apparences : un mariage arrangé avec un bon parti, entendons par là un homme riche à défaut de tout autre affinité, auprès de qui elles trouveront ennui mais sécurité matérielle, et qui leur fera peut-être la grâce de ne pas les encombrer trop longtemps si, comme souvent, il les devance quelque peu en âge ?


Porté par la plume déjà remarquable d'une Jane Austen alors âgée de dix-huit ans, ce court roman d'une extraordinaire finesse psychologique est une lecture étonnamment réjouissante, tant il brocarde avec esprit la bien-pensante société de son époque.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          907
Chers amis lecteurs,
Permettez-moi de m'entretenir avec vous à propos d'une femme que j'ai connue naguère. Elle s'appelle Lady Susan. Vous me connaissez, il n'est pas dans ma nature de dire du mal des autres, quand bien même cela serait justifié. Cependant, je dois vous avouer, que s'agissant de cette Lady Susan, j'ai décidé de revoir ce principe et de vous mettre en garde.
C'est une certaine Jane Austen, avec laquelle je suis entré en amitié tout récemment, qui a eu la gentillesse et le privilège de me confier la correspondance qui traite des faits dont je vais vous parler et qui mettent en scène Lady Susan.
Du reste Lady Susan a su abondamment enrichir cette correspondance avec le trait de caractère qui est le sien et tout son art de savoir habilement parvenir à ses fins sans jamais ressentir à cet égard le moindre scrupule.
Cette correspondance est composée de quarante-et-une lettres, précisément où Lady Susan ne ménage pas ses peines et s'amuse même dans ce petit théâtre des désirs et des sentiments tandis qu'elle tire les ficelles astucieusement, comme si les personnes qu'elle côtoie et avec lesquelles elle correspond devenaient des marionnettes articulées par sa seule volonté.
Lady Susan est veuve depuis peu, mais sans le sou. Elle est une jeune veuve, âgée de trente-cinq ans. Qu'à cela ne tienne, elle est encore séduisante, très intelligente, sait donner le change et peut largement rivaliser avec les femmes plus jeunes qu'elle de son entourage.
L'une d'elle est d'ailleurs sa fille, Frederica, âgée de seize ans, très belle. Lady Susan le sait. Frederica est terrorisée par sa mère qui veut lui faire épouser le riche et stupide Sir James Martin.
J'ai bien deviné au ton que prenaient certaines lettres de Frederica, que sa mère se penchait au-dessus de ses épaules pour lire et pourquoi pas lui dicter certaines phrases, tant qu'à faire.
Ce que j'ai aimé dans ce récit épistolaire, c'est la construction, un agencement subtil fait de rebonds qui permet de dessiner peu à peu l'histoire et l'entrelacement des personnages.
Je sais bien qu'à la première rencontre, Lady Susan inspire la gentillesse, la bonté, le bonheur de la rencontrer. On ne peut rien lui refuser. Je ne sais pas à quoi elle tient cette qualité, s'il faut appeler cela une qualité, j'imagine que c'est un don. Aussi, chers amis lecteurs, je vous demande instamment de vous en méfier comme de la peste.
Lady Susan n'est pas ce qu'elle inspire.
J'ai appris à reconnaître dans ces lettres lues, sa dimension immorale et pervertie.
En effet, elle est une femme perfide, médisante, hypocrite, menteuse, égoïste, cynique, séductrice, intrigante, manipulatrice ; qui plus est, doublée d'une mère indigne.
Dit autrement, pardonnez-moi chers lecteurs, c'est une belle garce.
Je sais bien que d'autres de cette histoire s'en sont méfiés auparavant, prévenus de la même manière. Certains personnages ont cru s'être trompé sur l'opinion de Lady Susan, sont revenus sur ce qu'ils en pensaient...
À certains endroits, le côté pervers et manipulateur de Lady Susan m'a fait penser à la Marquise de Merteuil dans les Liaisons dangereuses.
Mériterait-elle cependant un compliment pour atténuer la charge contre elle ? Oui elle est intelligente, divinement, diaboliquement, redoutablement intelligente.
Et les autres, que sont-ils ? Il me semble qu'ils sont de bien piètres et naïfs personnages parfois, ils la connaissent pourtant, de réputation, mais elle sait y faire, retourner son monde comme une crêpe au sarrazin...
Tout ceci est magnifiquement écrit, Jane Austen a su développer ici un sens de l'observation rare et une écriture ciselée.
C'est drôle, c'est cruel, c'est subtil.
La fin, ah oui la fin de cette histoire ? Je reste sur ma fin et je garde en moi le goût léger et caustique de ce roman épistolaire. La fin aurait pu être différente, plus spectaculaire, à la dimension de la perversité de Lady Susan.
Quant à ce que ce que je pense de toute cette affaire, je ne suis pas sûr que Frederica soit si timide que cela ni que sa mère la connaisse si bien.
J'aurais aimé entrer dans le coeur de Lady Susan, non pas pour en être épris, quoique..., mais pour sonder les secrets d'une âme en errance...
Votre dévoué,
Bernard
Commenter  J’apprécie          7225
Lady Susan est une jeune femme de 35 ans d'une grande beauté et réputée très intelligente. Mais Lady Susan est également perfide, hypocrite, manipulatrice, rancunière, machiavélique, menteuse, sournoise, cynique, égocentrique, tyrannique…bref, une personne qu'on n'a pas franchement plaisir à côtoyer « en vrai » mais qui est le personnage idéal dans un roman aussi drôle que subtil.
A travers un échange de lettres entre diverses personnes toutes liées à cette « charmante » lady, nous découvrons les travers de cette jeune veuve qui mène son monde à la baguette et horripile toutes ses connaissances, mais que la bienséance interdit de boycotter purement et simplement.
Ce très court roman épistolaire de Jane Austen est une merveille de finesse, de sarcasme et d'intelligence. C'est officiel : je déteste cette Lady Susan mais j'ai adoré passer la soirée avec elle !
Commenter  J’apprécie          752
“Elle ne borne pas ses prétentions à cette sorte d'honnête coquetterie qui satisfait la plupart des gens, mais aspire à la satisfaction exquise de rendre une famille entière misérable.”

Susan veuve Vernon, dite "Lady Susan", est une véritable garce… et encore, je suis loin du compte ! Elle est menteuse, médisante, cruelle, injuste, ingrate, inconséquente, mère indigne, manipulatrice, séductrice, enjôleuse, intéressée, briseuse de cœurs et de couples, narcissique, cynique… et rien ne semble pouvoir venir à bout de ce parasite malveillant et dangereux, d'une redoutable lucidité.

Personnellement, j'aurais bien suggéré le recours au cyanure… hélas, nous ne sommes pas chez Agatha Christie mais dans l'univers très policé de Jane Austen. Elle n'avait que 18 ou 19 ans lorsqu'elle composa ce court roman épistolaire, ce qui explique certainement que l'écriture en soit moins fluide et moins maîtrisée et le dénouement moins soigné que dans les oeuvres ultérieures qui ont fait son succès et sa gloire.

Néanmoins, on ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de ces échanges épistolaires d'où se dégage le portrait d'une femme totalement amorale et d'une étonnante modernité à qui Jane Austen offrit habilement l'intelligence et la beauté sans lesquelles elle n'aurait probablement pas pu atteindre ce niveau de malveillance et de perversité.

La finesse de l'analyse psychologique, qui sera la marque de Jane Austen dans son oeuvre future, est déjà ici bien présente, tout comme la peinture subtile des émotions et des sentiments, et l'auteur nous entraîne à sa suite dans une détestation jubilatoire à laquelle j'ai pleinement adhéré… Il faut croire que j'ai mauvais fond !

Un petit roman qui n'est peut-être pas tout à fait abouti, mais qui porte déjà en germe les qualités qui feront quelques années plus tard de Jane Austen un immense écrivain.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 : des classiques contre l'illettrisme]
Commenter  J’apprécie          643
Une jolie fleur dans une peau d'vache, une jolie vache déguisée en fleur…

Brassens avait-il lu Austen ?
Car si époques et lieux diffèrent, Lady Susan et la jolie fleur ci-avant présentent pourtant plus d'un trait commun.

« Lady Susan possède une séduisante fourberie, en quantité non négligeable, qu'il doit être intéressant d'observer et de déceler ». Magie de la concision d'Austen qui en quelques mots emporte son lecteur dans le cynisme subtil d'un bref roman épistolaire.

Une quarantaine de lettres dont la diabolique Lady Susan est souvent l'auteure et toujours le principal sujet : une ravissante sournoise de salon, manipulatrice dénuée de scrupules, plus encline à ruiner l'existence de ses contemporains qu'à quêter pour des oeuvres caritatives après la messe du dimanche matin.

Pas folle la vache, toute britannique qu'elle soit, et bien qu'on ait envie moult fois de la passer par la fenêtre, je me suis régalée de ses manigances plus que discutables.

Deuxième tentative austenienne pour moi, essai transformé, un délicieux bonbon anglais pour (presque) terminer l'année.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          7212

Citations et extraits (107) Voir plus Ajouter une citation
Pour ma part, j'ai été si gâtée dans ma petite enfance qu'on ne m'a jamais obligée à m'appliquer à quelque étude que ce soit, et il s'ensuit que je n'ai pas ces talents de société qui sont considérés comme nécessaires aujourd'hui pour parfaire une jolie femme. Ce n'est pas que je me fasse le défenseur de la mode qui prévaut d'acquérir une connaissance sans défaut de tout ce qui est langues, beaux-arts et sciences. C'est du temps perdu. Posséder le français, l'italien, l'allemand, la musique, le chant, le dessin, etc. vaudra quelques applaudissements à une femme mais n'ajoutera pas un seul prétendant à sa liste. La grâce et les manières, après tout, sont ce qui compte le plus.
Commenter  J’apprécie          180
Lorsqu'on a envie de détester quelqu'un, on n'est jamais à court de raisons pour cela.
Commenter  J’apprécie          1350
Je suis heureux de voir que Mlle Vernon n'accompagnera pas sa mère à Churchill. Elle n'a pas mêmes de manières pour la recommander et, à en croire le rapport de M. Smith, se montre aussi maussade que hautaine. Quand l'orgueil se joint à la sottise, il n'y a pas de dissimulation qui vaille d'être remarquée, et Mlle Vernon aura droit à un mépris rigoureux. En revanche, d'après tous mes renseignements, Lady Susan possède une séduisante fourberie, en quantité non négligeable, qu'il doit être intéressant d'observer et de déceler.
Commenter  J’apprécie          150
“ En ce moment, mes pensées vont tour à tour à divers projets. J’ai beaucoup de choses à accomplir. Il me faut punir Frederica, et assez sévèrement, pour s’être adressée à Reginald. Il me faut le punir lui-aussi pour avoir accueilli la requête de ma fille aussi favorablement, ainsi que pour le reste de sa conduite. Je dois tourmenter ma belle-sœur pour le triomphe insolent que font paraître son air et son attitude depuis le renvoi de Sir James- car en me réconciliant avec Reginald, je n’ai pas pu sauver cet infortuné jeune homme. Enfin, je me dois un dédommagement pour les humiliations auxquelles je me suis abaissée ces jours derniers (p. 86).”
Commenter  J’apprécie          110
Ma réclusion risque d'être longue. C'est me jouer un tour tellement abominable de tomber malade ici, au lieu que ce soit à Bath, que c'est à peine si j'arrive à garder un peu de maîtrise de moi. A Bath, ses vieilles tantes auraient pris soin de lui mais ici tout m'incombe - et il supporte son mal avec tant de sérénité que je n'ai pas même l'excuse que l'on a d'ordinaire pour perdre son sang-froid.
Commenter  J’apprécie          160

Videos de Jane Austen (169) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jane Austen
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • Ce que je sais de toi de Eric Chacour aux éditions Philippe Rey https://www.lagriffenoire.com/ce-que-je-sais-de-toi.html • La promesse de l'aube de Romain Gary, Hervé Pierre aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/la-promesse-de-l-aube-premiere-partie.html • le jongleur de Agata Tuszynska aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/le-jongleur.html • a fille d'elle-même (Romans contemporains) de Gabrielle Boulianne-Tremblay aux éditions JC Lattès https://www.lagriffenoire.com/la-fille-d-elle-meme.html • Les muses orphelines de Michel Marc Bouchard et Noëlle Renaude aux éditions Théatrales 9782842602161 • Oum Kalsoum - L'Arme secrète de Nasser de Martine Lagardette et Farid Boudjellal aux éditions Oxymore https://www.lagriffenoire.com/oum-kalsoum-l-arme-secrete-de-nasser.html • le pied de Fumiko - La complainte de la sirène de Junichirô Tanizaki , Jean-Jacques Tschudin aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/le-pied-de-fumiko-la-complainte-de-la-sirene.html • Amour et amitié de Jane Austen et Pierre Goubert aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/amour-et-amitie-1.html • L'homme qui vivait sous terre de Richard Wright et Claude-Edmonde Magny aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/l-homme-qui-vivait-sous-terre.html • Maximes et autres textes de Oscar Wilde et Dominique Jean aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/maximes-et-autres-textes.html • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #editionsphilipperey #editionsfolio #editionsstock #editionsjclattes #editionstheatrales #editionsoxymore
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature anglaise : textes divers (270)
autres livres classés : roman épistolaireVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (3560) Voir plus



Quiz Voir plus

Mr Darcy fan club quiz

Elizabeth Bennet est immédiatement conquise par le charme et l'intelligence de Mr Darcy.

Vrai
Faux

10 questions
2422 lecteurs ont répondu
Thème : Orgueil et préjugés de Jane AustenCréer un quiz sur ce livre

{* *}