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Critique de AliceFee


3,5 / 5

Cette biographie de Jane Austen, écrite par son neveu, est très connue dans le monde austenien mais n'avait encore jamais été traduite en français et pour cela il faut remercier les Éditions Bartillat. Elle est également connue pour ne pas être extrêmement fidèle, lissant la personnalité de Jane Austen pour la faire paraître comme une vieille tante affectueuse et éminemment respectable, par pudeur je suppose. Et en effet, dès les premières pages, à travers le style pompeux et légèrement condescendant d'Edward, nous nous rendons vite compte de l'impact de la société victorienne sur cette biographie écrite par un homme de son temps. Et pour autant, elle n'en est pas moins intéressante.

Pour les souvenirs personnels, on repassera, je vous l'accorde, ils sont quasi inexistants et je ne parle même pas de cette manie de l'auteur de parler de lui à la troisième personne. En revanche, de nombreux détails nous sont donnés sur le contexte et sur la famille de Jane Austen et n'est-ce pas savoureux d'apprendre, par exemple, qu'un ami de James Edward avait déclaré avoir établi un nouveau critère d'aptitude intellectuelle : était-on oui ou non capable d'apprécier les mérites de Jane Austen ?

C'est également un excellent témoignage de son époque. J'ai beaucoup aimé le passage où James Edward informe ses lecteurs victoriens des nombreuses différences dans les habitudes qu'il pouvait y avoir du vivant de sa tante quand pour nous ces deux périodes paraissent si proches l'une de l'autre. Il est tout aussi amusant de lire tous les noms qu'il évoque pour montrer à quel point sa tante est aimée de personnages illustres qui sont pour la plupart aujourd'hui d'illustres inconnus en comparaison de l'extraordinaire renommée, toujours grandissante, de Jane Austen.

Je l'ai déjà dit, j'ai trouvé Edward un peu guindé et manquant certainement de l'humour de sa tante mais il a réussi à me faire rire malgré tout, contre son gré très certainement. Lorsqu'il dit que sa "sainte" tante ne se moquait jamais de personne, c'est déjà assez risible (faut-il rappeler par exemple la lettre dans laquelle elle informe sa soeur de la fausse couche d'une voisine en supposant que la cause pourrait être qu'elle ait aperçu son mari par mégarde!) mais lorsqu'il cite des passages de ces mêmes lettres pour souligner sa bonté et sa patience et qu'il passe complètement à côté de l'ironie qu'elles comportent, c'est extrêmement drôle.

de nombreux extraits de ses lettres seront d'ailleurs cités et c'est évidement toujours un régal mais la cerise sur le gâteau de cet ouvrage est sans conteste le chapitre inédit de Persuasion que Jane avait finalement remplacé par un autre, meilleur et contenant la fameuse lettre. Quel délice de découvrir ces quelques pages à la suite desquelles je n'ai pu m'empêcher de relire la fin du roman.

Malgré ses défauts en tant que biographie pure, je vous conseille donc fortement ce livre, qui reste un témoignage unique livré par une personne qui a connu et aimé Jane Austen. le post scriptum est d'ailleurs très touchant. Et je termine avec cette citation qui malgré tout, illustre bien la joie que répandait l'auteur autour d'elle et sur laquelle tout le monde est unanime : Cassandra avait le mérite de maîtriser toujours son humeur, mais Jane avait le bonheur de jouir d'une humeur qui n'avait jamais besoin d'être maîtrisée.
Lien : http://janeausten.hautetfort..
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